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La contraception : mode d’emploi

La contraception désigne toutes les méthodes utilisées pour empêcher la survenue d’une grossesse. Il existe une pléthore de moyens de contraception disponibles pour les couples qui ne souhaitent pas avoir d’enfants. Féminines ou masculines, faisons un tour d’horizon de ces différentes méthodes contraceptives.

La contraception féminine

La contraception féminine est la plus répandue. Il existe tellement de méthodes contraceptives féminines qu’il n’est pas facile de s’y retrouver. Schématiquement on peut les diviser en 5 types:

  • la contraception hormonale: qui comprend les pilules, les patchs, les injections, l’implant et le DIU (Dispositif Intra-Utérin) hormonal ;
  • la contraception non hormonale: qui regroupe le DIU au cuivre, le préservatif féminin, l’anneau, les spermicides, et le diaphragme ;
  • la contraception naturelle: qui englobe des techniques comme la méthode Billings, la méthode symptothermique, et la méthode de la glaire ;
  • la contraception définitive: qui consiste en la ligature des trompes utérines, et;
  • la contraception d’urgence.

La contraception hormonale

Deux principales hormones régulent le cycle menstruel chez la femme. Il s’agit des œstrogènes et de la progestérone. Les contraceptifs hormonaux ont été pensés pour utiliser les effets de ces hormones afin d’empêcher la survenue d’une grossesse.

Ils y arrivent de trois façons:

  • soit en bloquant l’ovulation (pas d’ovule, pas de fécondation et donc pas de grossesse);
  • soit en modifiant les conditions locales dans l’utérus, notamment un épaississement des sécrétions du col utérin (ce qui réduit la mobilité des spermatozoïdes et les empêche de franchir le col, limitant ainsi toute chance de fécondation);
  • soit en occasionnant des modifications de l’endomètre, empêchant ainsi la nidation au cas où l’ovule serait déjà fécondé.

Les pilules

Elles sont de deux types: les pilules oestroprogestatives encore appelées pilules combinées (à base d’œstrogènes et de progestérone), et les pilules progestatives (uniquement à base de progestérone). Le choix de l’une ou l’autre sera fait en fonction de l’âge, des antécédents médicaux personnels (diabète, hypertension artérielle, migraines avec aura, etc.) et du mode de vie (consommation de tabac, d’alcool, etc.).

Les pilules combinées (PC) sont les plus fréquemment utilisées chez les femmes sans antécédents médicaux particuliers. Elles sont très efficaces si elles sont bien utilisées. Elles possèdent en outre d’autres bénéfices comme la prévention des cancers de l’ovaire et de l’endomètre, et parfois la réduction de l’acné.

Elles permettent d’avoir des cycles réguliers, avec des règles moins longues, moins abondantes et moins douloureuses. Elles exposent cependant à un risque de maladies thrombo-emboliques: l’embolie pulmonaire et l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) par exemple (d’où la nécessité de vérifier les antécédents médicaux).

Les pilules progestatives (PP) sont encore appelées microprogestatives car elles délivrent de faibles doses d’hormone en continu. Elles sont également très efficaces et possèdent en outre l’avantage de ne pas présenter de risque thrombo-embolique. Elles sont donc idéales pour les femmes ayant des antécédents médicaux particuliers et les fumeuses.

Cependant, elles peuvent entrainer une absence de règles, des saignements irréguliers en cours de cycle, et une apparition ou une aggravation d’une acné.

Les pilules progestatives ou oestroprogestatives peuvent être prescrites par une sage-femme, un médecin généraliste, ou un gynécologue. Elles sont également disponibles à Cotonou dans toutes les pharmacies sans ordonnance. Cependant, prenez toujours le conseil d’un pharmacien, étant donné les risques potentiels.

Le patch contraceptif ou dispositif transdermique oestroprogestatif

Vous l’avez compris, il contient les deux hormones sexuelles, dont il délivre par diffusion à travers la peau, une quantité équivalente à une pilule mini dosée (soit les doses les plus faibles).

Le patch se colle sur la peau pendant une semaine durant 3 semaines consécutives, puis on observe une semaine de pause, durant laquelle surviennent les menstrues. Il doit être changé le même jour de la semaine et se pose sur une fesse, le ventre, les bras, les épaules, ou le dos, mais jamais sur ou près des seins.

Il adhère parfaitement à la peau et résiste aux bains, à la transpiration, à la natation, etc. Il est efficace et conviendra à celles qui oublient souvent de prendre leur pilule. Mais comme ses homologues pilules, il présente un risque de maladies thrombo-emboliques.

Cette méthode contraceptive n’est pas disponible dans les pharmacies ni dans les centres de planification familiale à Cotonou.

L’injection contraceptive

Cette méthode de contraception consiste à se faire injecter un progestatif de synthèse en intramusculaire (fesse ou bras) tous les trois mois par un gynécologue, une sage-femme ou une infirmière. Elle est très efficace et convient aux femmes qui ont du mal à respecter les prises régulières de pilules, celles qui ont une contre-indication aux oestroprogestatifs, ou celles qui ne veulent pas d’un DIU.

L’inconvénient principal de ce moyen contraceptif est le retour de la fertilité. En effet, contrairement aux autres méthodes hormonales, il faut attendre entre trois et douze mois après la dernière injection pour retrouver un cycle menstruel normal et pouvoir tomber enceinte.

Les contraceptifs injectables sont disponibles en pharmacie à Cotonou. Mais prenez toujours l’avis de votre gynécologue avant d’opter pour cette méthode.

Par ailleurs, un dispositif unidose appelé Sayana Press a été créé il y a quelques années, combinant un contraceptif injectable à un petit contenant à pressoir, offrant ainsi la possibilité d’une auto-injection par les femmes elles-mêmes. Il a été introduit en phase pilote en Ouganda, au Burkina-Faso, au Sénégal et au Niger en 2016 et les résultats semblent être favorables.

Cette méthode offre un vrai potentiel en termes de contraception sûre, efficace, à moindre coût, sans prise de tête, et sans oubli. Espérons qu’elle puisse bientôt s’étendre à d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest.

L’implant sous-cutané contraceptif

Il s’agit de petits bâtonnets de 2 mm de diamètre sur 4 cm de long délivrant en continu une faible dose d’un progestatif. Il existe des implants à 2 bâtonnets (JADELLE®) et des implants à un seul bâtonnet (IMPLANON®). La différence réside dans le type de progestatif utilisé et de la dose délivrée. Cela détermine la durée d’action du dispositif. Celle-ci varie de trois ans pour l’Implanon® à cinq ans pour le Jadelle®.

La mise en place d’un implant doit être faite par un professionnel qualifié et formé à cet effet. Le geste est simple et rapide. L’implant est posé après une anesthésie locale à la face interne du bras grâce à un applicateur stérile. Son retrait, également simple est possible à tout moment. La contraception est active dès la pose et réversible dès le retrait.

Il est intéressant pour les femmes oubliant la prise de la pilule, et pour celles ayant des contre-indications aux œstroprogestatifs. Les éventuels effets indésirables sont ceux dus aux progestatifs, soit des cycles irréguliers, une prise de poids, de l’acné ou des saignements en cours de cycle.

Cette méthode contraceptive est disponible à Cotonou dans les centres de planification familiale et les services de gynécologie-obstétrique.

Le DIU hormonal ou stérilet hormonal

Il contient un réservoir avec un progestatif qu’il diffuse lentement pendant trois à cinq ans, selon le dispositif. Il conjugue l’action mécanique d’un DIU à savoir empêcher la nidation de l’œuf, à celle du lévonorgestrel: épaissir les sécrétions du col et modifier l’endomètre.

L’effet indésirable le plus fréquent est une modification des règles: spottings (petits saignements) au début, puis diminution voir disparition des règles chez une femme sur trois. D’autres effets indésirables sont possibles (douleur, gonflement des seins, nausées, céphalées, baisse de la libido).

La contraception non hormonale

Le DIU au cuivre ou stérilet au cuivre

C’est le moyen de contraception le plus utilisé (180 millions de femmes dans le monde). C’est un dispositif composé de polyéthylène et de cuivre, en forme de T allongé, prolongé par un ou deux fils souples.

De taille diverse, il est placé dans la cavité utérine pour jouer son rôle. Notamment, il empêche l’installation de l’œuf (nidation), et le cuivre inhiberait la fécondation par altération des spermatozoïdes.

Il est efficace dès sa pose, souvent bien toléré, sans aucune contrainte, et la contraception est réversible dès son retrait. L’inconvénient principal est la survenue de spottings et de règles plus abondantes, plus longues voir plus douloureuses.

Le risque de la pose d’un stérilet est essentiellement la survenue d’une infection utérine durant les 3 premières semaines. Mais cela se soigne aisément. De plus, contrairement à la pensée populaire, il peut se poser sur toute femme, même celles n’ayant pas encore d’enfants.

Vous pouvez vous faire poser un DIU au cuivre dans tous les centres de planification familiale et les services de gynécologie-obstétrique à Cotonou, qu’ils soient privés ou publics.

Le préservatif féminin

Il a moins la côte que son homologue masculin. Ayant la forme d’un tube en latex ou en polyuréthane fermé à une extrémité, un anneau interne et un externe permettent de le maintenir en place dans le vagin et sur les organes génitaux externes.

C’est un moyen de contraception efficace (excepté les cas d’éventuels déchirures comme pour les préservatifs masculins). Il a notamment l’avantage de protéger des infections sexuellement transmissibles (IST).

Il peut être placé plusieurs heures avant le rapport sexuel, et doit être retiré et jeté après celui-ci. A Cotonou, vous pouvez en trouver dans certaines pharmacies.

Les capes cervicales, le diaphragme et les spermicides

Diaphragme

Les capes cervicales et diaphragmes se placent directement sur le col de l’utérus pour empêcher le passage des spermatozoïdes. Les capes sont des cupules en latex ou silicone, et les diaphragmes des membranes en silicone tendues sur un anneau.

Il en existe de différentes tailles. Leur efficacité est équivalente à celle des préservatifs lorsqu’ils sont utilisés avec des substances spermicides (qui paralysent les spermatozoïdes).

Les capes ou les diaphragmes se placent environ 2h avant un rapport sexuel à l’aide d’un lubrifiant et sont retirés entre 6h et 24h après l’acte. Ils doivent être lavés au moyen d’un savon doux et séchés à l’air libre. Ils sont alors tout à fait réutilisables.

Vous devez être assez à l’aise avec votre corps et maîtriser un minimum l’anatomie du vagin pour pouvoir adopter cette méthode contraceptive.

Quant aux spermicides ils existent sous forme de crèmes, ovules, capsules ou comprimés vaginaux. Ils contiennent du chlorure de benzalkonium ou de miristalkonium dont le rôle est de neutraliser les spermatozoïdes. Ils doivent être utilisés à tout moment du cycle.

Les spermicides n’ont aucune contre-indication mais sont parfois irritants localement. Ils peuvent, de plus, jouer le rôle de lubrifiant. Ils sont en vente libre, mais restent assez chers.

Les capes et diaphragmes ne sont pas disponibles en pharmacie à Cotonou, mais vous pourrez trouver des spermicides en ovule ou en crème.

La contraception naturelle

Cycle menstruel avec indication des prises de température et de la glaire cervicale pour utiliser les méthodes naturelles

Toutes les méthodes de contraception naturelle visent à identifier la période d’ovulation et éviter d’avoir des rapports sexuels pendant celle-ci. Pour que ça marche il faut vraiment être attentif à tous les signaux de son corps.

La symptothermie ou méthode des températures

Elle consiste à suivre les changements de température corporelle. Vous devrez vous munir d’un thermomètre et d’un carnet pour noter les chiffres chaque jour le matin au réveil. En principe, après l’ovulation, la sécrétion de progestérone entraîne une augmentation de la température corporelle de quelques degrés. Vous devriez donc savoir à quel moment éviter les rapports.

Cependant, pour que cette technique fonctionne, il faudrait respecter les mêmes conditions pour les prises de la température tous les jours (soit à la même heure, à jeun, avec le même thermomètre, dans la même position, et au même endroit). Ce qui n’est pas toujours évident.

De plus, les conditions ambiantes, un simple rhume, ou un effort minime peuvent fausser les résultats par perturbation de la température.

La méthode Billings

Elle consiste à observer sa glaire cervicale. À l’ovulation, celle-ci est semblable au blanc d’œuf; soit abondante, fluide, brillante, élastique et translucide. Son analyse nécessite un auto toucher vaginal. Il faut donc être à l’aise avec son corps.

Il faut noter que plusieurs facteurs peuvent influencer l’aspect de la glaire cervicale, notamment une inflammation vaginale, une prise de traitement hormonal, l’excitation, etc.

La méthode Ogino-Kaus

Collier du cycle

Elle consiste à tenir un calcul précis de la longueur de son cycle menstruel afin de déterminer la période fertile. Cela ressemble à la méthode des colliers ou des jours fixes. Ces moyens ne peuvent être utilisés que lorsque l’on a un cycle régulier. Pour en savoir plus, voici une vidéo explicative du fonctionnement du collier.

La contraception définitive: la ligature des trompes

C’est une intervention chirurgicale définitive, permanente et irréversible visant à sectionner et ligaturer les trompes, de sorte à empêcher les ovules et les spermatozoïdes d’y accéder.

Elle se fait sous anesthésie générale. L’acte en lui même dure 15-20min environ (sous cœlioscopie). Les risques sont ceux inhérents à toute opération chirurgicale (infection, saignement, réveil difficile…), mais ils restent très rares, car c’est une intervention relativement simple.

Elle est efficace immédiatement après l’opération, et ne modifie pas le cycle menstruel. La femme femme continue d’ovuler et d’avoir ses règles. Il n’y a également aucun impact sur la libido: le plaisir et le désir sexuel ne sont pas modifiés.

Cependant, l’autorisation du médecin est indispensable avant de reprendre sa sexualité, et de soulever des objets lourds. Étant donné le caractère irréversible de cette méthode, il convient de vraiment réfléchir, peser le pour et le contre avant de prendre sa décision.

La contraception d’urgence

Il s’agit de méthodes ponctuelles à utiliser lorsque l’on a eu un rapport sexuel non protégé, ou lorsque l’une des méthodes ci dessus s’est montrée défaillante. Par exemple en cas de déchirure du préservatif, ou de l’oubli de la prise de pilule, et que le rapport sexuel peut-être fécondant.

Cette contraception concerne les pilules du lendemain ou du surlendemain; et le DIU au cuivre. Elle s’utilise le plus tôt possible dans les 72h après le rapport pour les pilules du lendemain et surlendemain et jusqu’à 5 jours pour le DIU.

Il faut avoir à l’esprit que la contraception d’urgence, comme son nom l’indique est une méthode « d’urgence »! Elle ne peut en aucun cas se substituer à une contraception classique. En outre, après y avoir fait recours, le mieux est de passer à une contraception régulière, et d’utiliser des préservatifs le temps que cette contraception devienne efficace (selon la méthode choisie).

La contraception masculine

Chez les hommes les méthodes contraceptives se résument à trois choses : le préservatif, le retrait ou coït interrompu et la vasectomie.

Le préservatif masculin

Est-il encore à présenter? Il s’agit de l’un des moyens de contraception les plus sûrs, excepté lors des cas de déchirure. Il se présente sous l’aspect d’un tube fermé d’un côté, fait de latex ou de polyuréthane, qui s’enfile sur le pénis en érection avant la pénétration, et se retire juste après l’éjaculation.

Il a l’avantage de protéger également contre les infections sexuellement transmissibles ( IST).

Le coït interrompu

C’est une méthode naturelle qui consiste à retirer le pénis avant l’éjaculation. Elle peut être source de frustration et ne présente qu’une efficacité relative. En effet, il est prouvé que des spermatozoïdes peuvent se retrouver dans le liquide séminal (qui sort avant l’éjaculation) et donc entraîner une grossesse.

La vasectomie

C’est une opération chirurgicale consistant à couper et ligaturer les canaux déférents, empêchant ainsi les spermatozoïdes produits dans les testicules, de faire leur trajet habituel et se mélanger au liquide séminal.

C’est une intervention rapide (10-15min) qui se fait sous anesthésie locale. Elle est peu douloureuse. Les hommes qui y ont eu recours estiment que « c’est moins douloureux que chez le dentiste ».

En outre, il n’y a presque pas de complications, et la libido ainsi que la qualité de l’érection et de l’éjaculation sont conservés.

Cette méthode est irréversible et extrêmement efficace (à 99%), mais pas immédiatement. En effet, il faut 8 à 16 semaines et environ 20 éjaculations pour que le sperme soit vraiment exempt de spermatozoïdes.

Il conviendra donc de réaliser un spermogramme 3 mois après l’opération, puis un mois plus tard, afin de s’assurer de l’azoospermie (absence de spermatozoïdes dans le sperme).

Une contraception hormonale ?

Le 23 mars dernier, la communauté scientifique était en branle du fait de la découverte d’une molécule pouvant inhiber les récepteurs de l’acide rétinoïque (vit A), impliqué dans la formation des spermatozoïdes.

Des expériences menées chez la souris ont montré que l’inhibition de ce récepteur entraîne la stérilité des mâles. Traitées durant quatre semaines, la production de spermatozoïdes a drastiquement diminué et 99 % des grossesses ont été prévenues, en comparaison avec un groupe contrôle.

Mieux, aucun effet secondaire n’a été observé et la contraception est réversible. Après l’arrêt du traitement, les souris étaient de nouveau fécondes.

Cette découverte ouvre la voie à la conception d’une pilule contraceptive pour les hommes. Cela pourrait enfin alléger toute la charge mentale de la contraception qui repose sur les femmes. Cela ne serait donc plus juste « une affaire de femme ».

Vouloir jouir d’une sexualité épanouie sans craindre une grossesse non désirée est l’objectif de plusieurs femmes et hommes. De nombreuses méthodes de contraception s’offrent à chacun dans ce cadre.

Nous espérons qu’avec cette large palette de choix, vous trouverez celle qui vous convient le mieux. N’hésitez pas à vous rapprocher d’un gynécologue, d’une sage-femme ou d’un centre de planification familiale pour avoir des renseignements supplémentaires et choisir en toute connaissance. Car choisir une méthode de contraception, c’est être aux commandes de son avenir. C’est assumer son corps, sa sexualité et ses responsabilités.

Agoodojie !

Auteur / autrice

2 réflexions au sujet de “La contraception : mode d’emploi”

  1. Merci beaucoup pour cet article ! Mais est-ce que toute cette palette est disponible dans tous les pays d’Afrique francophone ? Et à des prix abordables ?

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