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Les véritables tissus made in Africa, Partie 2 : un tour de l’Afrique tout en étoffe

Le continent africain est le berceau de l’humanité et donc aussi celui des arts humains dont fait partie la confection d’étoffe. Dans plusieurs contrées du continent, il existe donc de magnifiques tissus issus du savoir-faire ancestral des peuples.

Sans plus trop de cérémonie, je vous invite donc à lire la suite de cette série sur les tissus made in Africa, et pourquoi pas, trouver le prochain pagne à ajouter à votre collection.

Le Velours du KasaÏ : le fruit de la collaboration des deux sexes

Dans la famille des étoffes tissées, je demande le velours du KasaÏ. Bien qu’il soit beaucoup moins plébiscité que le Kita, le velours du KasaÏ est lui aussi un tissu de rang royal. Il était auparavant l’apanage des nobles et des personnalités royales de la tribu Kuba dont les membres vivent actuellement, pour la plupart, en République Démocratique du Congo.

Avant l’apparition de ce tissu originellement introduit dans la communauté par le monarque Kuba Shamba Bolongolongo, la production des tissus se faisait à partir d’écorce de bois battu. Le tissage du velours de KasaÏ se fait désormais au moyen de fibres de raphia. La mise au point du textile final se fait en deux phases distinctes : le tissage et la broderie.

La vie dans le royaume Kuba était relativement très organisée et chaque individu avait un rôle assigné précis. Ainsi, dans le domaine de la production du tissu royal, le tissage était une tâche réservée aux hommes tandis que la broderie revenait aux femmes de préférence enceintes.

Le raphia étant un matériau particulièrement rêche et épais, il doit être affiné et travaillé avant que les fibres ne soient entrelacées entre elles pour former la trame du tissu. Pour cela, les hommes déploient beaucoup d’efforts en se servant de coquilles d’escargot et de pierres pour limer sa surface.

Après cette étape, les femmes procèdent à la broderie en incorporant au tissu avec une aiguille des fibres de raphia teintes.

Une femme brodant le Kasaï

Les broderies visibles sur les toiles de velours du KasaÏ suivent le motif des scarifications corporelles caractéristiques de l’ethnie Kuba. Elles représentent aussi des statuts sociaux donnés ou des familles.

Parure murale en velours du Kasaï

Pour donner une sensation similaire à celle du velours européen au toucher, les fils brodés sont le plus souvent coupés en petites touffes.

Vu la complexité et la durée longue qu’il faut observer pour la production d’une seule pièce de velours du KasaÏ, c’est un tissu assez onéreux.

Coussin en velours du Kasaï

Aussi, sa lourdeur et son épaisseur le rendent assez difficile à façonner et à coudre. Ainsi donc le velours de KasaÏ est beaucoup plus utilisé dans le domaine de la décoration comme parure de lit ou pour habiller les murs.

Le Faso Dan Fani : emblème identitaire du pays des hommes intègres


Quelques pièces de Faso Dan Fani

Lorsqu’on parle d’étoffe de coton tissé en Afrique de l’Ouest, le tissu suivant est l’une des références incontournables à découvrir, le Faso Dan Fani. Si son nom signifie littéralement en langue dioula « pagne tissé de la patrie », c’est bien la preuve que l’histoire de ce tissu burkinabé est pleine de fierté.

« Porter le faso dan fani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme » .

– Thomas Sankara

Pour mieux comprendre cette citation empreinte de patriotisme de l’illustre dirigeant burkinabé, faisons un petit bond dans le temps, jusque dans les années 80 où il était au pouvoir.

Connu pour son engagement pour la cause féministe dans son pays, Thomas Sankara imposa à ses fonctionnaires le port de tenues confectionnées en Faso Dan Fani. Le but de cette réforme était de favoriser l’émancipation des femmes qui participent beaucoup au processus de fabrication de cette étoffe tout en boostant l’économie du pays.

Ce faisant, Sankara fit comprendre à la Nation à quel point la participation active des femmes peut avoir un impact positif sur l’économie d’un pays.

Bien avant sa mise en lumière par le Président burkinabé, le Faso Dan Fani existait déjà et avait une forte symbolique au sein du peuple Mossi à qui on attribue son origine. Chez les ressortissants de cette ethnie, ce pagne tissé est la matérialisation de la parole divine d’un ancêtre divin dont le corps est représenté par le métier à tisser.

Cette origine divine accordée au Faso Dan Fani en fait donc l’étoffe qui constitue par excellence le garde-robe des chefs Mossi, les redoutables Mogho Naba.

Un Mogho Naba arborant sa tenue royale en Faso Dan Fani

Les différentes tâches du processus de fabrication du Faso dan Fani sont réparties en fonction du sexe pour une collaboration active des hommes et des femmes. Tandis que les femmes sont chargées de récolter, de filer et de teinter le coton, les hommes eux, tissent les fils de coton en bandes.

Un métier à tisser moderne pour le Faso Dan Fani

Tout comme le kente et le bogolan présentés dans l’article précédent, le Faso Dan Fani s’est exporté hors du continent grâce à la mondialisation. Pour assurer la prééminence du fruit du savoir-faire des tisserands burkinabés et garantir la qualité du produit, le tissu est labellisé par l’État burkinabé depuis 2019.

Le logo du label Faso Dan Fani

Quand on sait que les revenus liés au commerce du Faso Dan Fani s’élèvent à plus de 50 milliards de francs CFA annuellement, cette labellisation tombe sous le sens. 

Avec son exportation, le Faso Dan Fani a séduit plusieurs créateurs de mode africains et étrangers qui n’hésitent pas à le mettre en valeurs dans leurs chefs-d’œuvre. La relative rigidité caractéristique du Faso Dan Fani n’est pas un frein mais plutôt une valeur ajoutée pour ces spécialistes de la Haute-Couture qui l’exploitent au mieux.

 Parmi ceux-ci vous retrouverez de grands noms de la mode Africaine tels que :

  • Elie Kuame
  • Paté Ouedraogo pour Pathé’O
  • Imane Ayissi
  • Dyenna Diaw pour Peulh Vagabond

Comme toujours, les grandes stars et trend-setters se sont saisis de pièces confectionnées en cette étoffe qui fait fureur. Vous verrez donc de grands noms de la chanson tels que Angélique Kidjo et la Queen B arborer des tenues en Faso Dan Fani.

https://www.instagram.com/p/CaQHOOMIH3s/

Le Faso Dan Fani ne se cantonne pas qu’à la mode et aux vêtements mais est également utilisé dans l’aménagement intérieur et la décoration. Vous pourrez donc vous procurer des pièces revêtues de Faso Dan Fani pour égayer votre cocon personnel.

En espérant que vous en avez appris un peu plus sur le riche patrimoine des tissus fabriqués en Afrique, je vous dis à bientôt pour la suite de cette série.

2 réflexions au sujet de “Les véritables tissus made in Africa, Partie 2 : un tour de l’Afrique tout en étoffe”

  1. Notre grande richesse, notre trésor a proteger, a faire grandir encore et encore et a transmettre fièrement!
    Merci pour le partage de cette extraordinaire richesse du Continent.
    Je vous souhaite un bon dimanche

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