Aujourd’hui, nous allons vous faire voyager dans le temps. La femme que nous allons vous faire découvrir ou redécouvrir a joué un rôle très important dans l’un des plus grands empires de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit de Nana Yaa Asantewa, la reine Mére d’Ejisu du royaume d’Ashanti. Découvrons donc ensemble ce qui fait de cette reine une femme Badass.
Un environnement propice
L’empire Ashanti était situé dans l’actuel Ghana. C’était une société matrilinéaire. Cela signifie que les femmes avaient leurs propres possessions et que la filiation se faisait du côté maternel. En outre, les femmes avaient des rôles importants dans l’organisation sociale de cet empire. En effet, les hommes et les femmes occupaient des postes de responsabilité de manière très égalitaire. Il y avait des hommes chefs, et des femmes cheffes. Ces femmes participaient tout comme leurs homologues masculins à l’administration et à la justice de l’empire.
C’est dans cet environnement favorable que naquit Nana Yaa Asantewa en 1840 dans la famille royale du clan Besease. En grandissant, la future Reine Mère était passionnée par les travaux champêtres et par l’administration locale. Son frère, Kwasi Afrane monta sur le trône à la suite de leur père, tandis que Yaa Asantewaa épousa Owusu Kwabena. Quelques années plus tard, Kwasi l’érigea en Reine Mère d’Ejisu.
Une lutte farouche
Les explorateurs britanniques débarquaient dans l’empire Ashanti au début du 19s et commencèrent à développer des relations commerciales avec les habitants des côtes, les Fante. Ils alimentèrent, les guerres tribales en procurant des armes et des soldats à leurs alliés. En outre, les Britanniques ont soutenu les Fante dans la guerre entre les Fante et les Ashantis qui se déroula en 1806 et 1807. Ce soutien se réitéra en 1823 ce qui aura pour conséquence la perte de certains territoires du sud par l’empire Ashanti.
Cette coalition Britannique-Fante n’était pas vue d’un bon œil par les Ashantis. Des traités de paix furent quand même signés entre les peuples Fante et Ashanti. Pourtant, les Fante violaient régulièrement ces traités avec l’approbation des Britanniques qui établissaient leurs dominations sur la Côte d’Or. Ces derniers voulaient conquérir les territoires Ashanti.
À la mort de son frère en 1894, Yaa Asantewaa nomma son petit-fils Ejisuhene à la tête de son clan. Ce dernier fut malheureusement exilé aux Seychelles avec d’autres régents du gouvernement, dont le roi Asante en 1894. Cet exil se fit par ruse, car ces dirigeants se croyaient en route pour rencontrer la Reine d’Angleterre.
Asantewaa devient alors la régente de son district. Le général britannique Frédéric Hodgson qui gouvernait alors la Côte d’Or réclama le Trône d’Or. Ce trône était un objet très important pour le peuple Ashanti. Il représentait l’autorité et selon la légende, il serait descendu du ciel. Cette réclamation était un affront pour le peuple Ashanti. Les chefs restants se réunirent secrètement à Kumasi afin de décider de la démarche à suivre.
Face à l’hésitation des membres du conseil, Nana Yaa Asantewa s’offusqua. Elle décida de rassembler les femmes de l’empire pour mener la guerre puisque les hommes semblaient réticents. Les autres membres du conseil lui accordèrent leur soutien. En 1900, à la tête d’une armée composée de plus de 5000 soldats, Yaa Asantewaa mena une farouche résistance contre les Britanniques.
Elle fut emprisonnée et envoyée en exile aux Seychelles. Elle mourut en 1921 dans sa cellule pendant qu’elle dormait. Sa bataille ne fut cependant pas veine, car les Britanniques, abandonnèrent Ashanti et le trône d’Or ne fut jamais en la possession de Frédéric Hodgson. Les restes de Nana Yaa Asantewaa furent rapatriés en 1930.
Un trésor pour la postérité
L’histoire de l’empire Ashanti devrait également inspirer les africains d’aujourd’hui quant à son organisation sociale. Cet empire comme bien des sociétés africaines d’avant la colonisation était socialement plus égalitaire. Ces sociétés étaient en outre très prospères. Ces sociétés nous font nous demander si un réel développement en Afrique sera possible tant que la place ancestrale de la femme africaine ne lui sera pas reconnue.
Nana Yaa Asantewa représente aujourd’hui un symbole fort de la résistance coloniale tout comme Béhanzin, Samory Touré ou encore la reine Anna Nzinga. Elle est également un symbole féministe car elle inspire des milliers de femmes noires dans le monde à se dépasser. Elle représente, la liberté, le féminisme, la détermination et la force. Pour toutes ces raisons, elle est la Femme Badass de ce mois.
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