Faits de Société

Se soutenir pour refréner le chaos 

La violence occupe une place importante dans notre vie qu’on le veuille ou pas. Dans presque toutes les sociétés, nous sommes marqués par elle. Nous avons tous et toutes notre propre histoire de violence. 

Malheureusement, s’il nous ai souvent donné de voir que les auteurs de violences que ce soit individuellement ou systémiquement ne se cachent pas et réclament même une certaine légitimité à exercer de la violence, il peut sembler que peu d’efforts collectifs sont déployés pour permettre aux victimes de ces violences de les dépasser et ou même de valider les émotions nées des violences observées et subies. 

J’avais un avis assez tranché sur la mauvaise volonté collective pour soutenir les opprimés avant de m’engager comme organisatrice communautaire, d’occuper plus d’espace où la violence est au centre des discussions et de côtoyer plus de personnes comme moi, exposées à la violence du monde. 

J’ai donc compris que beaucoup ne savent juste pas comment soutenir des personnes dans ces cas et qu’il est plus question d’impuissance que de mauvaise volonté. 

Dans cet article, nous allons nous concentrer sur les violences que je connais le mieux et trouver des astuces pour mieux soutenir les personnes qui y sont confrontées.  Cet article aborde juste une partie de la question : les attitudes à avoir face à une personne qui se confie sur des violences subies.

Les violences sexuelles et sexistes

Moi aussi

Je ne peux malheureusement terminer une semaine sans avoir affaire à au moins un récit de violence sexuelle et ou sexiste. Mes propres histoires de violences y sont aussi liées. Elles sont courantes et touchent tout le monde mais majoritairement les femmes.

On peut percevoir les violences sexuelles et sexistes comme des actes commis contre la volonté d’une personne et qui sont fondées sur les rôles genrées de la société et sur les relations de pouvoirs inégales existant entre les hommes et les femmes.

On peut les décliner en deux. Les violences sexuelles comprennent l’ensemble des actes qui contraignent une personne à subir un commentaire à caractère sexuel ou tout acte sexuel de quelque nature. On y retrouve les harcèlements sexuels, les viols, les agressions sexuelles et toute chose qui outrepasse le consentement sexuel.

Les violences sexistes quant à elles se réfèrent à des comportements discriminatoires basés sur le genre, tels que le sexisme, la discrimination fondée sur le genre, les stéréotypes sexistes, la violence domestique, le contrôle coercitif dans les relations, et autres. 

Dans les deux cas, ces violences ont une incidence énorme sur la vie des gens. Pour diverses raisons qui peuvent varier d’une personne à l’autre, les victimes libèrent de plus en plus la parole sur la question. 

Internet et les récits de violence

 

Je ne serais pas silencieuse

Aujourd’hui il n’y a presque plus de barrières pour connaître l’histoire de violence de différentes personnes vivant à mille lieues de soi. Internet nous offre une tribune pour nous décharger de ce qui nous étouffe. Même s’il est un couteau à double tranchant car il favorise également la violence. C’est ainsi que nous nous retrouvons tous,tes en ligne à nous confier sur les drames de nos vies. Plusieurs mouvements de libérations de parole autour des violences sexuelles et sexistes ont donc trouvé refuge sur internet. Dans les mouvements féministes, MeToo et BalanceTonPorc sont considérés comme des précurseurs de la libération de la parole des femmes sur internet. C’est la révolution. Récemment, sur le réseau social X, précédemment Twitter, StopBopda et MeToogarçon faisaient l’actualité.

Malheureusement, la plupart des réponses à cette libération de parole sont de l’ordre du rejet, de la culpabilité et de l’appel à se taire ou un appel à avoir honte. Les messages d’empathie se noient souvent dans la vague d’intimidation. En dehors de ceux et celles qui réagissent, on retrouve une autre catégorie de personnes qui ne savent pas quoi faire pour se montrer compatissant et ou utiles.

Cet article s’adresse à ceux et celles qui se retrouvent dans le dernier cas, qui ne savent pas quoi dire ou quoi faire quand quelqu’un s’ouvre à eux sur son histoire de violence.

Que faire face à quelqu’un qui me partage son histoire de violence ? 

Si vous lisez cet article, c’est que la question vous a sûrement déjà traversé l’esprit au moins une fois. 

Avant toute chose, j’aimerais nous inviter à nous dévêtir du costume de pitié dont il est facile de se parer quand on lit ou entend une histoire de violence. A la place, apprenons à cultiver l’empathie. 

Si quelqu’un se confie publiquement sur internet, nous pouvons lui envoyer des émojis de soutien et des mots encourageants pour lui montrer qu’il n’est pas seul et qu’il est écouté. Nous pouvons arrêter de répondre en cité ou en commentaire du message initial aux personnes mal intentionnées qui ont pour but de culpabiliser les victimes ou remettre en question leur témoignage. Même si cela part d’une bonne intention, je suggère de faire des réponses isolées pour répondre à ces gens pour ne pas leur donner plus de visibilité ou attirer en renfort des gens aussi malveillants qu’eux. Il ne faut pas oublier de signaler les posts qui culpabilisent les victimes et survivantes. Ces messages peuvent contribuer à renforcer la culture de la violences chez les jeunes et les masculinistes. Ne participez pas au débats, spaces, lives et discussion en communauté parallèles qui semblent moralisateurs et ont tendance à discuter de la légitimité ou non de l’expérience de violence partagée

Les personnes qui ont déjà libéré la parole sur leurs expériences et se sentent capables de le refaire peuvent une fois de plus partager leurs histoires pour montrer aux autres qu’on les croit et qu’ils ne sont pas seuls.

Si c’est en physique ou par appel que l’on se confie à nous, nous devons développer une écoute active. Montrer par des gestes, par des mots ou par le contact visuel que l’on écoute et compatis à l’histoire qui nous est confié. Il faut faire très attention aux expressions faciales comme le dégoût et ou l’étonnement qui peuvent retracter la personne qui partage son histoire.

Il est crucial de faire ressentir à la personne qui se confie à vous que vous validez ses émotions. Exprimez votre compréhension de sa douleur, de sa colère ou de sa tristesse ou même de son indifférence. Évitez de minimiser ses émotions ou d’être dans la comparaison. Ne sortez jamais des phrases comme : d’autres ont vécu pire, ne t’apitoies pas sur ton sort, bouge toi, c’est du passé, qu’avais tu porté, il faisait quelle heure… Contentez vous d’écouter.

Une personne ne vient pas se confier sur internet ou à vous pour que vous fassiez son procès, évitez donc tout jugement ou critique envers elle. Les propos moralisatrices, les réactions négatives et condescendantes peuvent nuire à la confiance et à l’estime de la personne et la décourager de poursuivre la conversation ou bien même l’empêcher de chercher de l’aide. Chaque expérience est valide et mérite d’être entendue.

Il est primordial de respecter la confidentialité de la personne qui se confie en ne divulguant pas son histoire à autrui sans son consentement. Il faut également lui laisser le choix ou non de recourir à une aide juridique si possible. Ne la contraignez à rien, contentez vous de lui transmettre les bonnes informations. 

Encourager la personne à recourir à un professionnel spécialisé dans l’accompagnement de victimes de violences sexuelles et sexistes, des thérapies de groupes, des cercles de paroles et autres types de thérapies existantes. Une fois encore laissez à la personne le choix sans contrainte. Si l’argent est un facteur limitant, renseignez vous sur les associations et organisations de femmes et féministes de votre zone pour demander assistance. 

Peu importe votre soutien, assurez-vous que la personne se sente écoutée et crue. Cette liste d’attitudes à avoir face à une personne qui vous confie son histoire de violence n’est pas exhaustive mais peut être un bon début pour accompagner l’effort de bris de silence des personnes victimes de tous types de violences qui osent en parler. Travaillons collectivement pour un monde plus empathique où les personnes dans le besoin sont écoutées, crues et soutenues. N’oublions pas non plus de construire un monde qui ne normalise pas la violence et où toute personne dans son unicité et dans sa diversité se sentira en sécurité.

Merci d’avoir lu cet article jusqu’à la fin,

AGOODOJIE! 🍀

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