Le féminisme, est un courant de pensée qui prône l’égalité entre les hommes et les femmes. Il est né durant les années 70 dans les pays occidentaux et a été à la base de bien de révolutions et d’évolutions de la condition féminine dans le monde.
Bien que la création d’un monde plus égalitaire soit un objectif noble, on entend souvent dire par beaucoup d’africains que le féminisme n’est pas fait pour l’Afrique. Ce mode de pensée, viendrait à l’encontre des traditions et cultures du continent et remettrait en cause l’ordre sociale établi, un ordre social qui favorise beaucoup plus les hommes.
Néanmoins, au regard des injustices subies par les personnes de sexe féminin, on pourrait se demander si les africains n’auraient pas besoin d’un peu de féminisme.
Un féminisme contextualisé
Le féminisme dans sa conception originelle semble peu englober les femmes de tous les horizons de la terre. Le féminisme de base, né et développé en Europe est sans surprise eurocentrique. C’est à dire qu’il se base beaucoup plus sur les réalités des femmes occidentales en excluant souvent les réalités du reste des femmes du monde.
Le féminisme africain se doit d’être contextualisé. La femme noire fait face à des défis totalement différents des autres. Elle a subit l’esclavage, la colonisation puis la décolonisation qui ont eu un impact considérable sur sa place dans la société en général. Ses besoins spécifiques ne semblent pas être vraiment pris en compte par le féminisme eurocentrique. La journaliste et féministe nigériane Minna Salami s’exprimait en ces termes « Il est important que les féministes africaines définissent leur propre doctrine idéologique pour le féminisme africain pour que nous puissions aborder les problèmes des femmes africaines ». L’Afrique doit donc se réapproprier le féminisme et le préparer à sa propre sauce.
Les besoin des femmes africaines diffèrents non seulement de ceux des femmes occidentales, mais ils varient aussi selon les parties du continent. Ce qui explique la diversité de courants féministes existant sur le continent. Nous les aborderons dans un prochain article.
Un féminisme nécessaire
Thomas Sankara le disait, « Il n’y a pas de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. »
L’Afrique est un continent en plein développement. Et ce développement ne pourra réellement être atteint que si tous les membres de la société y participent. Les femmes africaines ont depuis longtemps, bien avant la colonisation démontré leur capacité à acter à tous les niveaux de la société. Elles ont été reines, guerrières comme nos AGOODOJIÉ du DANXOMÉ.
Aujourd’hui, de plus en plus de femmes peuvent participer à ce développement. On en voit un peu partout dans les administrations. Elles ont un mot à dire dans les politiques de leurs pays, et nous devons cela au féminisme. Mais ce n’est pas assez.
Un plus grand nombre de femmes subit des atrocités loin des villes où les femmes civilisées ont la chance d’avoir un mot à dire. Le mariage forcé, le levirat, l’excision continuent de sévir.
Les femmes, travaillant en milieux ruraux dans le domaine de l’agriculture sont le plus souvent oubliées. Leurs instruments de travail, sont rudimentaires et elles sont parfois exposées à de nombreux dangers. Un féminisme à l’africaine prendrait en compte les besoins de toutes les femmes constituant le continent afin de les aider à apporter leur pierre à l’édifice en construction qu’est l’Afrique.
Un féminisme vers l’évolution des mœurs
Ce qui effraie le plus souvent les africains quand on parle de féminisme c’est un bouleversement de l’ordre social établi. Un ordre social où les hommes sont en position dominante. Certains ont tout simplement peur de perdre leurs privilèges en se cachant sous le prétexte des traditions et cultures. Pourtant cet ordre social tant chéri est en grande partie un héritage colonial.
La colonisation et la décolonisation ont fortement affecté les sociétés africaines traditionnelles et notamment la place des femmes dans celles-ci. En effet, dans l’Afrique traditionnelle, la répartition des rôles était totalement différente. Le pouvoir était reparti à différents niveaux entre les deux sexes. Nous avons déjà l’exemple des Agoodojié, l’armée royale constituée de femmes dans le royaume du Danxomé ou des femmes dirigeantes comme Amina de Zaria . Chimamanda Ngozie Adichie disait《 Avant le colonialisme, les femmes assumaient des fonctions bien plus importantes, plus complexes, Il y avait une bien meilleure répartition des rôles entre les deux sexes. Les hommes étaient, en général, plus puissants, mais les femmes avaient du pouvoir.》
Aujourd’hui, nous devrions penser à nous inspirer à nouveau de nos ancêtres, de ceux qui étaient là avant la colonisation. Les sociétés traditionnelles africaines étaient prospères et riches. Le côté sacré et quasiment déifié de la femme africaine qui existait à cette époque ne lui vient pas seulement de sa capacité à faire des enfants. Il lui vient aussi de sa manière de diriger, de protéger et de faire prospérer son peuple.