La présence de poils chez les femmes adultes est un sujet très controversé. Si pour les uns les poils chez une femme sont inacceptables, de plus en plus de mouvements féministes ou body positivistes considèrent l’épilation féminine comme une injonction patriarcale dont il faut se défaire.
Cette divergence d’opinions a facilement pu s’observer quand l’activiste et sculptrice capillaire Laetitia Ky publia des photos d’elles exposant fièrement sa pilosité. Si elle fut applaudie par les uns, les autres n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement.
Il serait toutefois intéressant de se demander pourquoi les poils dérangent autant. L’épilation est — elle vraiment si oppressante que ça ? Ici à Agoodojie nous n’avons point le poil sur la main. Nous allons donc en apprendre plus sur l’épilation aujourd’hui.
L’épilation, une pratique antique
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la pratique de l’épilation est presque aussi vieille que l’existence de l’homo sapiens. Elle aurait fait son apparition à la préhistoire. On retrouve en effet des outils servant à s’épiler depuis cette époque.
Avec l’évolution de l’humanité, les méthodes et les raisons pour lesquelles les êtres humains s’épilent ont évolué et différaient. En Égypte antique, les poils étaient considérés comme un rappel de la nature animale de l’homme. Ils étaient impurs.
Les hommes et les femmes s’enlevaient toutes traces de poils sur le corps à part les cheveux (oui oui, ils se rasaient également les sourcils😆). Toutefois, l’épilation était plus un fait de la classe supérieure.
En Grèce et à Rome, les hommes et les femmes de toutes conditions sociales s’épilaient. Néanmoins, la pratique disparut à l’avènement du catholicisme au déclin de l’Empire romain. L’église diabolisa l’épilation.
Du côté de l’orient, des techniques dépilatoires comme la cire chaude ou la pince à épiler qui sont aujourd’hui très répandues faisaient fureur à l’époque des croisades.
Pour finir, en Europe dans la période de la renaissance, la mode voulait que les femmes de la haute bourgeoisie s’épilent entièrement le visage jusqu’à la moitié de la tête pour donner l’illusion d’un grand front (là encore, les sourcils aussi disparaissaient😆).
Les poils du reste du corps ne posent pas problème, car ils ne se voient pas.
Le rebranding de l’épilation et des poils
De tout ce qui précède, il découle que l’épilation avait un but purement esthétique. La présence de poils n’avait aucun rapport avec la propreté. En outre, cette pratique était mixte. Elle a pendant longtemps été une injonction aux deux sexes.
Au fil des années, l’injonction de l’épilation n’est restée que pour les personnes de sexe féminin. De plus, l’association des poils avec l’hygiène est en vérité la résultante d’un gros coup marketing !
À partir des années 20, la mode connait un changement brusque aux États-Unis et en Europe. Les femmes échangent leurs longues robes couvrantes pour des tenues plus courtes dévoilant leurs jambes.
Les entrepreneurs, tels que King Camp Gillette, l’inventeur du rasoir y voient un marché qui rapporterait gros. Pour faire adhérer la pratique de l’épilation pour les jambes aux femmes, ils ont alors marketé l’épilation comme étant une pratique hygiénique. Les poils furent associés à la saleté chez la femme.
La perception des poils en Afrique
L’épilation était présente sur le continent comme on a pu le voir à l’époque de l’Égypte antique. Toutefois en dehors de cette période la perception des poils sur le continent est plutôt diverse.
La présence des poils chez une femme est d’ailleurs un critère de beauté en Afrique centrale. Les poils représentent la maturité de la femme. Ils démontrent qu’elle est adulte et apparemment cela impacte également son sex appeal.
C’était également le cas chez les Zoulous et les Kikuyus en Afrique du Sud. En outre dans certains poèmes Yorubas, les poils représenteraient un rempart pour le vagin et expriment la capacité des femmes à garder des secrets.
Aujourd’hui, le reste du continent est cependant très influencé par l’occident alors les poils sont généralement rejetés même si certains semblent ne pas y trouver d’inconvénients.
À quoi servent les poils ?
Si à la suite du marketing des distributeurs et fabricants de produits dépilatoires on peut croire que les poils sont sales et peu attrayants, ceux-ci ont bel et bien un rôle à jouer sur nos corps.
- les poils protègent du froid et du soleil.
- les poils maintiennent la peau hydratée.
- les poils diffusent les phéromones sexuelles.
Les cils et les sourcils (qui sont aussi des poils) protègent nos yeux de la poussière. Pour finir, les poils constituent l’une des différences majeures entre un corps adulte et un corps enfant.
Que retenir de cette affaire au poil ?
Eh bien, que chacun fasse ce qui lui plaise ! Je trouve que c’est la parfaite conclusion à tout ceci. Nous avons tous le droit de disposer de nos corps comme nous le voulons. C’est une notion qu’il est important que chacun intègre.
Si une femme décide de ne plus s’épiler, cela ne regarde en réalité qu’elle. Il ne revient à personne de lui dire quoi faire de ses poils. De même, si une femme se sent mieux dans sa peau en s’épilant, c’est encore sa prérogative.
La première n’en reste pas moins belle ou présentable que la seconde. Les poils ne sont pas laids. Ils sont naturels. La décision de les enlever ou pas revient à chacun.
Il est vrai que l’épilation peut être douloureuse, créant coupures, brûlures et blessures. Il est donc intéressant de se demander si on le fait pour soi ou parce qu’il le faut. Du moment où vous le faites pour vous et pas pour les autres, que chacun fasse ce qui lui plaise.
Agoodojie !
Même si chacune fait ce qu’elle veut. Pas toujours évident de faire un choix pour soi sans tenir compte du jugement de la société. Beaucoup s’épile pour avoir la paix sociale