Femme Badass Du Mois

Mariama Bâ: une pionnière du féminisme à la vie romanesque.

Na nga def chez vous? Loin d’être Un chant écarlate contenu dans Une (si) longue lettre, le billet de ce jour se fait humble et met en avant une femme exceptionnelle.

Nul besoin de devinette aujourd’hui il est évident que la personnalité objet de notre article n’est autre que la romancière Mariama Bâ😄.

Femme de classe née dans une société où le soleil s’est déjà couché (en ce qui concerne la condition de la femme), défenseur des droits et de l’égalité des genres, Mariama Bâ a su marquer positivement l’histoire du continent en révélant de sa plus belle plume les failles de cette société.

Elle inspire aussi bien les écrivains en herbes que les activistes défenseurs de l’égalité et pour toutes ces raisons, Mariama est la Femme Badass de ce mois. Découvrons là !

Photo de Mariama Bâ prise sur Google.

L’instruction ne l’emporte pas sur l’éducation.

Née en 1929 à Dakar, de parents aisés, Mariama Bâ fût élevée par ses grands-parents (suite à la mort de sa mère) dans un milieu musulman traditionnel.

À l’époque où l’accès des femmes à l’école était une chose rare, elle fait un bon parcours scolaire qui se solde par un diplôme d’enseignement obtenu en 1947 à l’école normale de Rufisque.

Elle exerça son métier pendant plusieurs années et fit trois fois l’expérience du mariage dont elle eut neuf enfants.

C’est à la suite de cette expérience, qu’elle intègre plusieurs associations féminines en préconisant l’éducation et les droits des femmes.

Dans cette lancée, elle fait plusieurs discours et publie des articles dans la presse ainsi que des ouvrages à succès: Une si longue lettre (1979) et Un chant écarlate (1981 à titre posthume) que nous vous invitons d’ailleurs à lire.

Si le premier manifeste l’ambition féministe africaine naissante face aux traditions sociales et religieuses, le second lui, raconte l’échec d’un mariage mixte entre un africain et une européenne du fait de l’égoïsme de l’époux et des différences culturelles.

Mariama Bâ, montre certes avec fougue mais dextérité, que l’instruction à elle seule ne suffit pas à changer les mentalités d’une personne, encore moins de tout un peuple.

Pour rappel, l’instruction, c’est l’acquisition de connaissances grâce à l’enseignement. Quant à l’éducation, c’est le développement de la capacité à être soi tout en étant avec les autres, à ménager ses relations avec eux, à participer à la vie sociale, à intérioriser la culture commune.

Nous comprenons donc aisément que l’instruction relève de la connaissance et l’éducation des valeurs.

L’éducation est cruciale. Oui l’éducation, nous parlons et pointons du doigt l’éducation.

Cette éducation qui :
• chosifie la femme et surélève l’homme ;
• attribue au sexe féminin l’adjectif «faible » et au sexe masculin celui de « fort » ;
• reconnaît à la femme tous les torts et à l’homme toutes les gloires ;
• culpabilise la femme et victimise l’homme ;
• …

Cette éducation, nous n’en voulons plus. Nous militons pour une éducation où l’égalité entre l’homme et la femme sera reconnue et appliquée. Allons pas de fanfaronnades, direz-vous😄.

L’égalité dont nous parlons n’est pas celle sur le point physique (petite info, l’homme et la femme ont le même nombre de côtes😉), mais celle des droits.

Nous voulons d’une éducation où les responsabilités seront situées et que les mesures adéquates soient prises. Une éducation où chaque personne aura conscience que de ses actes résulteront des conséquences, car la femme n’est pas une décoration.

Je reste persuadée de l’inévitable et nécessaire complémentarité de l’homme et de la femme. […] C’est de l’harmonie du couple que naît la réussite familiale, comme l’accord de plusieurs instruments crée la symphonie agréable.

Extrait d’Une si longue lettre (1979), Mariama Bâ.
Mariama Bâ, faisant un discours lors d’une de ses activités.

«La femme ne doit pas être l’accessoire qui orne.»

Le statut de la femme raconte beaucoup d’une société quelle qu’elle soit car toutes les femmes de ce monde devraient être les égales des hommes.

Le statut de la femme, en effet, représente beaucoup la société. Quand on regarde ce qu’il advient des femmes, la place qu’on leur accorde, la manière dont on la leur accorde, on regarde un peuple. 

«La femme ne doit pas être l’accessoire qui orne. L’objet que l’on déplace, la compagne qu’on flatte ou calme avec des promesses. La femme est la racine première, fondamentale de la nation où se greffe tout apport, d’où part aussi toute floraison. Il faut inciter la femme à s’intéresser davantage au sort de son pays.» C’est un extrait du roman Une si longue lettre qui je pense doit-être mis en évidence.

Parlons un peu de ce célèbre roman qui de part sa force de vérité, lui a valu un prix, et des traductions dans plusieurs langues.

À la lecture, on ressent autant de peur que de soulagement à voir le monde évoluer. Des changements optimistes, nécessaires et salutaires qui comportent aussi leur dose de danger.

La fin sert de début entre les différentes rations qui se succèdent. Les flashbacks et les sauts servent de pont qui permet d’arriver à bout d’une plume qui ne s’étiole pas.

Ce roman est aussi la description avec justesse des rapports inégaux entre les deux sexes, la résilience et la force du silence de milliers de femmes dans le foyer conjugal.

De la perfidie des hommes à l’égard des femmes, mais surtout du devoir de désobéissance quand le moment l’exige comme celui du refus du levirat et le remariage.

Ces personnages féminins (stéréotypes de la société) ont été créés afin de permettre aux femmes de réfléchir sur leur sort par rapport au « sexe fort », dans une société forte patriarcale où tous les devoirs sont du côté de la femme et les jouissances du côté des hommes.

Le roman dévoile le viriarcat qui pèche et d’un autre côté des femmes qui masquent pour sauver les apparences.

Une femme est comme un ballon; qui lance ce ballon ne peut prévoir ses rebondissements. Il ne contrôle pas le lieu où il roule, moins encore celui qui s’en empare. Souvent s’en saisit une main que l’on ne soupçonnait pas.

Extrait d’Une si longue lettre (1979) de Mariama Bâ.

Si être féministe signifie révéler les tares d’une société, Mariama Bâ en est alors une.

C’est la première romancière africaine, à contester la place faite à la femme dans la société africaine, dans un contexte où la liberté de penser et d’expression ne leurs était pas permise.

Elle traite dans son roman, les conditions des femmes africaines en général et sénégalaises en particulier, de comment elles sont soumises à l’inégalité, et comment les hommes, et la société les exploitent, de même que la religion. Elle y dénonce également la polygamie.

Elle était une militante des droits des femmes mais en particulier de ceux des femmes mariées ou qui l’ont été qui subissent plusieurs brimades à la suite du décès de leurs maris.

Mariama Bâ s’est éteinte en 1980. Mais avant, elle a impacté bon nombre de personnes et son pays natal, le Sénégal évidemment où il y a aujourd’hui le lycée de l’île de Gorée qui porte son nom.

Eh Voilà, c’est avec cette femme fascinante que nous bouclons ainsi la rubrique Femme/Homme Badass de cette année.

Alors chers lecteurs, quelle est votre figure Badass favorite de l’année ?

Agoodojié! 🌻

2 réflexions au sujet de “Mariama Bâ: une pionnière du féminisme à la vie romanesque.”

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