Femme, Femme Badass Du Mois

Rihanna ou l’icône féministe d’une génération

Umbrella, Needed me, Diamond, ou encore Rude boy, même sans être aussi fan que moi, il est évident que vous avez déjà plusieurs fois écouté, voire dansé, sur des titres de Rihanna. Première artiste à franchir le cap des 100 millions de ventes numériques aux États-Unis, elle est l’une des plus grandes stars du monde de la musique.  

Avec sa personnalité forte et haute en couleur, la jeune femme a su s’attirer la sympathie du public et de son énorme fanbase. Mais, derrière tout le glamour et les paillettes, Rihanna est d’abord une femme qui sait se servir de sa notoriété pour faire avancer le monde. Plongez donc en ma compagnie dans l’univers unique de Robyn Rihanna Fenty aka Rihanna. 

Rihanna : une artiste aux multiples facettes

Du haut de ses 34 ans, Rihanna est une femme qui a su s’approprier plusieurs habilités et capacités. À elle seule, elle revêt les casquettes de compositrice, de chanteuse, d’actrice, de styliste et de business woman.

Parlant de sa carrière d’actrice chanteuse, Rihanna a surtout été une précurseure (le mot existe bien en français québécois) grâce à sa voix si particulière. Son timbre de voix et ses chansons qui mêlent habilement plusieurs genres tels que le R&B, la pop et le dancehall lui ont d’ailleurs valu tellement de distinctions qu’on ne pourrait en citer ici. Il y a quelques jours, elle a révélé une partie de son projet musical qui sera intégré à la bande originale du film Wakanda Forever.

Un extrait de Lift me up, premier titre de la bande annonce de Wakanda Forever révélé au public

Retenez juste que Rihanna, c’est le plus de 280 millions d’albums vendus dans le monde et le plus grand nombre de singles certifiés pour plus de 32 millions d’abonnés sur sa chaine YouTube.

Côté acting, Rihanna apparait dans plusieurs films, dont Guava Island, Ocean’s 8 et Battleship. Elle prête également sa voix à des personnages d’animation comme avec Tip dans En route ! pour lequel elle interprète la chanson Towards the sun.

Après avoir débuté une pause dans sa carrière musicale, Rihanna s’est lancé dans la commercialisation de produits cosmétiques à travers sa marque Fenty Beauty. Quelques années plus tard, le groupe LVMH l’a accompagné dans son projet d’agrandir la famille Fenty en y ajoutant de la lingerie originale, puis des vêtements.

Les différentes catégories de l’enseigne font toutes un carton et cela a d’ailleurs été reconnu avec le prix « Urban Luxe Award » décerné à la marque Fenty en 2019. Selon le classement Forbes, l’artiste est également la plus jeune self-made woman américaine à devenir milliardaire en surclassant Kim Kardashian. Il faut avouer que le sens du style de celle qui est affectueusement surnommée Riri a toujours été une évidence, même à ses débuts.

Cela est d’ailleurs universellement reconnu par l’expression

« it’s ugly until Rihanna wears it »

(c’est moche jusqu’à ce que Rihanna le porte)

utilisée pour reconnaitre son influence sur la scène mode.

Une philanthrope au grand cœur

Seulement trois ans après ses débuts en tant que chanteuse, Rihanna a décidé d’investir son temps et son argent dans des œuvres humanitaires en fondant l’association Believe. À travers celle-ci, la star originaire de Barbade apporte son aide aux enfants dans le besoin à travers le monde.

Consciente de son influence, elle a également participé à de nombreuses reprises à des concerts gratuits de bienfaisance. Ça a été le cas en 2012 à l’occasion de la cérémonie des Grammy Awards dont les bénéfices ont été reversés à un centre hospitalier pour enfants.

Riri n’hésite pas à faire des dons en nature assez conséquents lorsqu’il s’agit de causes telles que le soutien aux victimes de catastrophes naturelles. Dans ce cadre, elle a offert 100 000 dollars à UNICEF pour venir en aide aux rescapés du typhon Halyan aux Philippines.

Sur ses réseaux sociaux, la star profite de sa large audience pour sensibiliser ses fans et les encourager à faire le bien autour d’eux. En 2017, Rihanna a notamment reçu le prix Peter J. Gomez décerné chaque année pour récompenser la personnalité humanitaire de l’année décerné par l’université d’Harvard. Avec un si grand cœur, que faut-il de plus pour vouer un profond respect à cette femme ?

L’héroïne nationale qui fait la fierté de la Barbade

Comme elle le dit si bien elle-même, « Le peuple barbadien est un peuple fier » et cette fierté, Rihanna ne s’en est départi à aucun moment de sa vie. Pendant toute sa carrière, l’interprète de Lift me up n’a cessé de porter haut l’étendard de son ile natale qu’elle porte dans son cœur.

Tout au long de sa carrière, elle a su représenter son pays tout en œuvrant pour son développement et en partageant sa culture avec le reste du monde. Après la reconnaissance officielle de la Barbade en tant que république, Robyn Fenty a été désignée en 2021 comme héroïne nationale.

Au cours de la cérémonie, la Première ministre barbadienne, Mia Mottley dira de sa compatriote qu’elle a

« fait rêver le monde entier avec sa quête d’excellence, sa créativité, sa discipline et par-dessus tout son engagement extraordinaire envers sa terre d’origine ».

Notez que trois ans avant, elle avait déjà été nommée ambassadrice plénipotentiaire de l’État insulaire de la Barbade.

Une diva au service de la cause féministe

Avec son caractère bien trempé, il est juste de dire que Rihanna ne se laisse pas mener par les diktats de la société. La star avant-gardiste n’a donc jamais rechigné à partager avec le monde sa vision féministe et de sa croyance inébranlable en le « girl power ».

Elle s’exprime à travers son art en interprétant des titres lourds de sens comme le fameux Man down qui aborde la thématique du viol et des agressions sexuelles, ou encore Winning women dont le titre est assez évocateur.

Rihanna intervient aussi dans la levée des tabous sur la sexualité féminine à travers ses titres Sex with me et Skin présents dans notre playlist Feminine Pleasure disponible sur plusieurs plateformes de streaming. Dans ces chansons, elle présente une sexualité saine et libre de la femme vue selon le female gaze.

La jeune femme connait ses classiques et a rendu un magnifique hommage à Amelia Earhart, féministe dont la vie en a inspiré plus d’un en réalisant un shooting photo pour le magazine Harper’s Bazaar.

À propos de l’expérience, Rihanna déclare aux journalistes :

« Il y a quelque chose de très unique chez une femme qui domine dans un domaine très masculin. Cela demande une certaine grâce, force, intelligence et bravoure et l’audace de ne jamais accepter un non pour réponse. Amelia Earhart était une force très dynamique dans son industrie en battant plusieurs records à son époque. Je n’ai pas eu à réfléchir avant d’accepter de m’allier avec “Harper’s Bazaar” pour honorer cette femme qui tenait tête aux hommes qui l’entouraient. ».

Elle collabore avec Dior pour la commercialisation du t-shirt We should all be feminist (nous devrions tous être féministes) inspiré de l’auteure féministe à succès Chimamanda Ngozi Adichie. Elle reversera une partie des bénéfices de cette collaboration à des associations. Par ailleurs, elle ne rate aucune occasion pour soutenir des femmes entrepreneuses dans leurs projets.

Plus tard, en lançant sa marque Fenty, la business woman de génie crée des produits cosmétiques et des vêtements en s’inscrivant dans une démarche d’inclusivité. En voulant partager son goût inégalable pour la mode et le maquillage, Robyn souhaite le rendre accessible à toutes les femmes, qu’elles soient rondes, fines, petites, grandes ou bronzées. Fenty est d’ailleurs l’une des premières marques de mode à se distinguer en faisant preuve d’une réelle inclusivité.

Quand Rihanna décomplexe la grossesse…

En s’adressant à sa fanbase, Rihanna déclare « Vous ne serez jamais stylé si vous ne prenez pas de risques » et elle applique elle-même très bien ce conseil. Après l’annonce de sa grossesse en fin janvier 2022, la Barbadienne a été sous le feu des projecteurs pendant un long moment. Hormis la grande effervescente suscitée chez les fans, une autre raison l’explique : le choix de ses tenues.

Tout au long de sa grossesse, Rihanna, contrairement à la majorité des femmes, a choisi de mettre son baby bump en valeur grâce à des tenues où elle ne perd rien de son sex appeal. Malgré les nombreuses remarques négatives de certains internautes, la milliardaire ne s’est pas privée et a même fait la une du Vogue américain.

Elle explique plus tard « Quand j’ai découvert que j’étais enceinte, je me suis dit qu’il était hors de question que j’aille faire mon shopping dans l’allée des vêtements de maternité. Je suis désolée, mais j’adore m’habiller. Je ne vais pas abandonner ça parce que mon corps change. J’espère que l’on va réussir à redéfinir ce que l’on considère comme “décent” pour les femmes enceintes. Mon corps fait des choses incroyables en ce moment et je refuse d’en avoir honte. Cette période doit être une célébration. Pourquoi cacher sa grossesse ? ».

À l’occasion du MET Gala 2022 qui est l’un des rendez-vous les plus attendus de la mode, une sculpture de la reine de la mode dans l’une de ses iconiques tenues de grossesses a été dévoilé. Bien que cela puisse paraitre anodin, Rihanna a participé à donner un regard nouveau sur la grossesse pendant laquelle dans de nombreuses cultures, la femme doit cacher son corps.

Il faudrait plusieurs encyclopédies entières pour expliquer l’impact de Rihanna en tant qu’artiste et surtout en tant que femme sur le monde. J’espère avoir pu partager avec vous la profonde admiration que m’inspire cette femme talentueuse.

N’hésitez surtout pas à en découvrir d’autres dans les précédents articles de la rubrique Femme badass.

Faits de Société

« La vraie beauté africaine » : la réalité vue par nos lectrices

Suite à notre article au sujet des complexes vécus par nos rédactrices Carine et Mélyssa, vous avez été.e.s nombreu.ses.x à nous faire des retours. Parmi ces retours très touchants, nombre d’entre vous n’ont pas hésité à nous ouvrir leur cœur par rapport à leurs expériences personnelles.
Nous avons donc décidé de partager avec vous ces histoires émouvantes des membres de l’Armada qui ont vécu les conséquences de leurs complexes.

Ambre: « aujourd’hui encore, je me méfie des autres »

Je m’appelle Ambre, 20ans, étudiante en médecine. Et je pèse 78 kilos : ce poids l’objet de mes hantises. 😂

Je n’ai jamais été « mince » dans mes souvenirs. Je dirai un embonpoint mais apparemment pas vraiment un embonpoint. Je m’amusais quand même bien avec mes amis au primaire et ils ne m’ont jamais fait ressentir un quelconque surpoids.

Mais à la maison, c’était plus qu’un calvaire. Il y avait un voisin qui m’a donné un surnom « gougoulouss ». Je me demande bien d’où lui est venu ce sobriquet. Pour d’autres, c’était « la grosse » ; aujourd’hui encore d’ailleurs.

Tout s’est aggravé quand j’ai commencé le collège, un collège pour filles. Le cours secondaire Notre Dame Des Apôtres. Je me suis retrouvée avec des gosses de riches top modèles. Les filles qui répondaient aux standards de la beauté. Nous autres « différentes » étions mises de côté ou on ne pensait à nous que par pitié. Je ne m’y connaissais pas en mode. L’important pour moi était de porter un vêtement qui me couvre.

J’ai grandi avec des garçons, n’ayant qu’une seule sœur qui avait sa vie à part. Je m’habillais avec de gros t-shirt, des gros vêtements pour cacher mon corps. Des vêtements tellement amples qu’on pouvait être à plusieurs dedans. J’ai commencé à me comporter en « garçon manqué ». J’ai changé ma démarche. C’était une manière pour moi de me trouver une identité. J’étais la bonne pote des quelques garçons que je connaissais. Et comme j’aimais beaucoup la lecture, c’était mon échappatoire, mon monde que je me créais.

Les études, c’était tout ce que je savais. Quand je mangeais à la maison, c’était toujours des piques « regarde comment tu es et tu veux manger de l’œuf !». Je n’avais plus le droit de prendre du yaourt, ou des petites douceurs qui m’étaient apparemment interdites vu mon poids. On ne sortait pas avec moi parce que je n’avais pas d’habits à la mode. Selon eux, Je ne savais pas m’habiller j’étais démodée.

C’était tout le temps «il faut te mettre au sport » « tu manges beaucoup trop, diminue ». J’ai finalement eu un ulcère en essayant de leur faire plaisir. Tout le temps c’est « tu grossis hein! ».

Ton poids peut fluctuer mais pas ta valeur

C’était par moi on passait pour avoir le contact de mes amies. Je ne suis pas assez belle apparemment. Aujourd’hui encore, je me méfie des autres. Je me dis qu’ils sont là juste par intérêt ou par pitié. Je n’arrive plus à m’accepter totalement. Les autres ont le droit de faire ce qu’ils veulent mais quand moi je m’y mets, ce sont des remarques désobligeantes. « La grosse ». Cette expression me hante.

Aujourd’hui, j’ai assez de complexes. Je ne porte pas des habits sans manches pour sortir ou difficilement. J’essaie de m’accepter mais, c’est encore difficile. Les quelques hommes qui s’approchent, c’est parce que apparemment j’ai les lèvres d’une « pipeuse ». 😂
J’avais 16ans quand on me l’a dit la première fois. Je ne savais même pas encore ce que ça voulait dire. On ne me trouve pas belle mais bonne au lit. Je chaperonne les autres. 😂 mais moi-même je suis devenue célibataire invétérée.

Ce sont des choses dont les autres ne réalisent pas l’impact sur les gens. Ou ils le font pour le plaisir. J’espère que cela changera et que d’autres n’auront plus à subir cela.

Hornella : « je n’ai jamais changé de forme »

Moi je n’ai jamais changé de forme. Toujours mince et tout le monde se moquait de moi tout azimut. Sans fesses ni seins, oups 😤 !

À l’école je n’avais pas d’amis; qui moi? Rien que des enfants de riches dans leur comportement, donc je restais dans mon coin, tranquille. Ces filles vont rire avec toi, mais se moquer de toi très vite sans gêne. Quand je l’ai compris, je ne parlais plus, la distance est devenue plus longue. Mais là encore les cachotteries ont commencé par sortir…😤

Elles, elles avaient de l’argent, elles mangeaient tout, ne faisaient rien à la maison, et grossissaient avec les formes. Elles se tressaient, moi je me rasais le crâne: c’était les moqueries à haute dose, mais j’ai supporté. Je ne portais rien qui me faisais me sentir à l’aise. Elles viendront toujours rire en disant : « est-ce que toi tu vas grossir ? » « Le truc est gros, ou encore, tu ne sais pas t’habiller ? ».

Je ne participais à aucune activité de l’école, journées culturelles et autres jamais, qui ? Moi? Non. Bref, après j’ai zappé tout le monde. Palabre ou pas, mon cahier est devenu mon réconfort. Jusqu’à maintenant on me dit toujours : « tu manges où ? dans tes os? » « Tu ne grossis jamais ».

J’ai tellement pris de vitamines, mais sans effet. J’ai lu un jour qu’à trop en prendre, vu que je n’ai pas encore accouché, je grossirai de trop, parce que tout cela va prendre effet. Il était donc préférable d’arrêter. Un médecin généraliste m’a dit un jour : « quand tu vas accoucher tu vas grossir, donc arrête avec les vitamines. Tu seras de trop après et ton mari va s’énerver et tu vas encore chercher à mincir ». Finalement, je reste comme je suis calmement et je remercie Dieu.

La société crée en nous des complexes qu’il est parfois difficile de surmonter. Malgré toute la force et le courage dont nous pouvons faire preuve, les moqueries laissent toujours une trace en nous, une cicatrice bien souvent tenace.

Alors essayons du mieux que nous pouvons, d’être tolérants envers nous mêmes et envers les autres. Personne ne choisit le corps dans lequel il naît. Les standards de beauté, d’une société à une autre définissent un corps idéal, tantôt mince, tantôt sulfureux et tout en courbes. Ce corps idéal est illusoire et loin de la réalité des millions de femmes qui existent dans le monde.

Apprenons donc à faire preuve de compassion, à nous accepter nous-mêmes ainsi que les autres tels qu’ils sont. Évitons de nous rabaisser mutuellement et normalisons nos corps quelque soit leur forme.

Ton corps mérite ton amour inconditionnel

AGOODOJIÉ ! 🤍