Homme Badass du Mois

Qâsim Amîn: la dynamo du mouvement féministe arabe.

Féminisme et monde arabe? Comment oser le penser. Ces deux sujets occupent une place de choix sur la liste mondiale des choses antagonistes, a priori et pourtant…

La Palestine et l’Égypte sont le berceau des luttes de libération nationales et d’émancipation des femmes du Proche-Orient. Plusieurs figures ont marqués et menés auprès des citoyens (et plus des citoyennes) ces luttes.

Au nombre de cette variété de figures, nous avons des femmes telles Huda Shawari, Oum Kalthoum,…mais aussi des hommes, dont un retient particulièrement notre attention. Il s’agit de Qâsim Amîn.

Notre découverte homme badass du mois, est un homme charismatique dont le regard troublant, ne rivalise point avec les troubles qu’ont causés ses travaux.

Focus sur le personnage.

Nommé le père du féminisme arabe, Qâsim Amîn est un penseur égyptien connu comme étant l’un des principaux pionniers du courant féministe arabe.

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Né en 1863 dans le village égyptien de Tora, d’un père aristocrate kurde ottoman et d’une mère issue de l’aristocratie égyptienne, il fréquente les milieux intellectuels et éclairés d’Égypte.

Qâsim Amîn a commencé ses études à Alexandrie puis au Caire, où il a obtenu un diplôme en Droit français, seulement à l’âge de 20 ans (la précision tient lieu d’être faite, car à cette époque, même à 25 ans les gens n’avaient pas encore leur certificat d’études primaires🤭).

Il va par la suite parachever ses études de droit en France à Montpellier. Ce changement d’environnement est une étape charnière dans l’éclosion de ses idées réformistes.

Il découvre des penseurs européens et se passionne pour les théories de certains d’entre eux. Celles-ci lui permettent d’affiner ses pensées et de théoriser la «faiblesse» du monde arabe ainsi que sa disparition.

Qâsim Amîn, contrairement à ses aînés qui ont été tard en contact avec l’environnement européen et donc n’ont pas été des acteurs actifs de cette société (ils étaient plus des observateurs), était un étudiant.

Il participait donc activement à cette société, et la libération des femmes qu’il observait a constitué un choc qui l’a énormément marqué.

De retour en Egypte, il occupe plusieurs postes dans la justice où il a exercé pendant 23 ans.

Il meurt en 1908 à l’âge de 45 ans. Mais avant cette fin, il a marqué son temps, par ses idées et surtout deux de ses ouvrages qui lui ont valu l’un des plus grand tollé du monde arabe ainsi que des controverses qui subsistent jusqu’à ce jour, tant le rôle et la place de la femme constituent un sujet sensible et brûlant.

« Quand la femme est libre, le citoyen est libre. »

Qâsim Amîn a grandi dans un environnement où les droits des femmes étaient bafoués et il a été témoin de bon nombre d’injustices.

Malgré que l’abolition de l’esclavage et l’émancipation aient été reconnues, les stigmates de la société pesaient encore sur certaines habitudes.

Son séjour en France lui a fait prendre conscience du « mal » dont souffrait son pays et de l’arriération de celui-ci. Il répond même à une personnalité française qui caractérisait l’Égypte d’une « arriération éternelle » en reconnaissant l’état d’arriération, mais en réfutant le fait que cela soit éternel.

En 1899, Quâsim Amîn publie La libération des femmes, un livre où il est réellement mis en exergue la centralité de la question de la femme et de sa libération. Ce livre a constitué un manifeste de la libération de la femme en Egypte et dans les Etats arabes.

Le travail des femmes dans la société est de former la morale de la nation. Il fait de la liberté des femmes, une question politique et affirme que quand la femme est libre, le citoyen est libre.

Pour lui, le cœur du problème à savoir l’état de la société égyptienne, n’est pas religieux mais social et la seule solution se trouve dans l’éducation de la femme.

Il aborde l’éducation de la femme sur deux plans. Dans un premier sens, comme étant un besoin élémentaire qui permettrait aux femmes de bien tenir un foyer. Cette éducation comprendrait selon lui plusieurs notions et même un éveil du goût artistique.

Dans un second sens, beaucoup plus important, il prône l’éducation des femmes comme un moyen de se donner des conditions matérielles de vie et s’émanciper de la tyrannie masculine.

Son œuvre a suscité un large débat intellectuel dans le monde arabo-musulman au début du 20ème siècle.

Plusieurs lui reprochaient qu’il soit détaché de la réalité de son pays, du fait de son éducation européenne mais également de ses fréquentations essentiellement aristocratiques.

D’autres critiques portaient sur le fait qu’il ait porté grief à la religion en incitant à la débauche de par ses pensées et ses propositions.

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La réponse à ses détracteurs ne s’est pas fait attendre.

Il répond à toutes ces protestations en publiant en 1900, un nouveau livre, La femme nouvelle, dans lequel il écrit : «Nous n’écrivons pas pour recevoir les applaudissements et les félicitations des ignorants parmi le large public. Nous nous adressons aux savants, aux intellectuels et surtout à cette jeunesse moderne en laquelle nous mettons tous nos espoirs en un avenir meilleur. »

Pour lui, la nouvelle génération serait celle qui, exempt d’ignorance, prendra à bras le corps la libération et l’émancipation de la femme avec les outils adéquats. Nous pensons, au vue de tout ce qui se fait dans ce monde aujourd’hui, qu’il avait vu juste.

Il affirmait que « c’est cette nouvelle génération éduquée par le savoir qui se saisira le mieux de la cause des femmes en accordant l’intérêt et la recherche nécessaires. »

Plus de soixante-dix ans après ses travaux, ils continuent de maintenir l’actualité, autant par les controverses que l’inévitabilité de la réalité.

Il n’existe que cinq choses contre lesquelles il faut se battre : les maladies et les passions du corps, l’ignorance, les guerres civiles et les disputes de famille.

Pythagore.

L’instrumentalisation de la religion au profit du patriarcat.

Il y a une différence énorme à faire entre la culture et la religion.

Les écarts d’interprétation souvent teintés de l’esprit patriarcal (des périodes auxquelles elles ont été faites) et mis sous le voile religieux entraîne une forme de minimisation de la femme.

Par ignorance, celles-ci croient et boivent du breuvage de ces interprétations et acceptent cette « place » comme étant la leur.

L’ignorance est aussi une drogue. Elle vous tue, lentement, non pas physiquement (du moins pas directement bien que cela puisse se faire dans certains cas) mais intellectuellement.

Elle altère votre manière de penser et biaise de ce fait vos réflexions. Elle avilit votre âme et vous amène à vous nuire de bien des manières.

D’aucuns diront que ce que vous ignorez ne peut vous nuire. Ceci n’est pas totalement faux mais il n’est pas également vrai. N’oublions pas qu’en toute chose, il y a un principe et l’exception qui confirme celui-ci. Nous laissons à votre libre appréciation de convenir dans ce cas, du principe et de ce que sera l’exception. Et si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance.

Comme le disait Kofi Annan, c’est l’ignorance, et non la connaissance, qui dresse les hommes les uns contre les autres.

Et c’est avec cette phrase -sur laquelle nous aimerions que vous réfléchissiez- que nous clôturons ce billet.

D’ici là, prenez soin de vous et de votre entourage. Soyez bienveillants.es. envers tous.🌻

Agoodojié !

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