Après un long moment sans voir mon chéri, on se voit enfin ce weekend. Dans ma tête, j’ai une multitude d’envies. Mais surtout, j’en ai marre d’être une étoile de mer. J’ai passé tout le temps à rêvasser aux mille et une positions. J’ai détaillé dans ma tête tout ce que je lui ferai et tout ce que je vais lui demander de me faire. Je me suis déjà vue en train de planer dans un univers féerique sous ses coups.
Je me suis même vue lui susurrant mes désirs les plus fous à l’oreille et lui de sa voix la plus charmante accompagnée de son sourire charmeur me répondant que mes désirs étaient des ordres. Seulement rien ne se passa comme prévu.
Je suis sûre que vous êtes nombreuses à connaître cette expérience. À moi aussi ça m’arrivait tout le temps. De mes recherches, il est ressorti que cela est dû à la timidité sexuelle, elle-même due à divers autres facteurs.
Qu’est-ce que la timidité sexuelle ?
C’est un mécanisme que l’on met en place inconsciemment dans les moments d’intimité par peur d’être jugé par son partenaire par exemple. Nous éprouvons le désir et l’envie de nous exprimer, d’oser, mais ça se limite uniquement à notre tête. Certaines vivent ce moment avec des angoisses ou un état de stress. Une boule à la gorge, des pensées qui fourmillent sans arrêt dans la tête. S’il y en a qui pense que les filles dans cette situation jouent à la sainte ni touche où à la prude, il n’en est rien. D’ailleurs, il faut notifier que ça n’arrive pas qu’à des femmes.
Quelles sont les causes de la timidité sexuelle ?
Ce que l’on nomme timidité sexuelle est due à plusieurs facteurs. Ces derniers sont à peu prés les mêmes que ceux qui engendrent le vaginisme. Ces facteurs peuvent être psychologiques, ce qui est d’ailleurs le cas la plupart du temps. Cela peut également être le fruit d’une expérience qui a mal tourné.
L’autre cause majeure dans nos sociétés africaines est l’éducation. On nous éduque en tant que fille africaine en âge de comprendre, à avoir peur de la sexualité. Mais surtout peur de nous exprimer, de dire ce que l’on en pense, nos désirs, peur de demander, et d’apprendre.
On installe ainsi un mythe sournois autour de notre sexualité. En parler vous vaut d’office une » pute ». Excusez-moi le terme. Oser apprendre, vouloir comprendre, parler de sa sexualité en tant que fille africaine fait de nous des filles possédées par le Diable, des gangrènes à guérir. Nous grandissons donc dans le déni de nos envies sexuelles, de nos pulsions.
L’autre aspect néfaste de cette éducation est qu’on nous conditionne à entrer dans des moules. Et aussi à plaire à notre partenaire en répondant à ses attentes physiques et morales. Une femme dite africaine est celle-là qui n’ose pas sexuellement par peur que son mari ait des doutes sur sa moralité. Il m’est déjà arrivé d’entendre des hommes africains dire que si ta femme te parle d’une telle ou telle position sexuelle, c’est qu’elle l’a apprise chez quelqu’un d’autre ou qu’elle te trompe. Les femmes préfèrent ainsi pour la plupart fantasmer, parler entre elles, mais ne pas essayer par peur que le partenaire les catalogue ou doute d’elles.
Je n’ai pas un corps de rêve. Malheureusement, nous faisons notre éducation sexuelle sur Internet pour la plupart, et ça passe par le porno. Dans ces films, il y a toujours un modèle type de femmes qui est mis en avant et sur qui tous les hommes fantasment. Et pour ne rien arranger, les hommes définissent ces standards comme norme souvent. Cet état de choses d’une manière miraculeuse arrive à mettre dans la tête de certaines que pour oser et s’affirmer, il faut répondre à une certaine norme.
Des femmes, par peur d’exposer leur ventre vont peut-être refuser de donner vie à leur désir, qui passe par exemple par une position sexuelle qui le mettrait à la vue du partenaire. Je n’ai pas de fesses, je ne ferai jamais une levrette pourtant, j’en ai envie. Mais j’ai peur que mon partenaire remarque cela et me fasse une remarque déplacée. J’ai honte de ne pas avoir de fesses comme » tout le monde ».
Dans ces cas, on voit tout le monde comme quelqu’un qui possède ce qu’on n’a pas. On devient l’exception qui n’entre pas dans la case. D’autres femmes vont jusqu’à se dire, je ne suis pas belle, je ne mérite pas qu’il me fasse plaisir. Écoutez-moi, Il ne vous fait pas plaisir, il joue sa partition. Il accomplit sa part du contrat!
Ceci m’amène à aborder l’estime de soi comme cause de la timidité sexuelle. Je n’ai pas confiance en moi, alors j’ai du mal à dire de façon explicite ce que je désire. J’ai peur d’être rejetée, j’ai peur d’un Non. Les personnes avec des blessures émotionnelles ont du mal à s’affirmer; or discuter avec son partenaire, lui faire savoir son désir, c’est une forme d’affirmation de soi. Ce sont des choses avec lesquelles nous vivons, des choses qui arrivent, mais que nous pouvons changer.
Les blessures physiques et handicaps. Quand nous portons un handicap ou avons des blessures à certains endroits de notre corps, nous avons honte et peur de nous exposer à la vue de l’autre. Or oser, avoir des fantasmes et les assouvir demande parfois à ce que l’on s’expose à la vue totale de l’autre. Une personne avec un handicap a parfois peur de demander, car il peut arriver que le handicap emporte notre estime de soi.
Les traumatismes font partie des causes de la timidité sexuelle incomprises. Il est encore difficile à beaucoup de comprendre qu’une personne sexuellement violentée dans le passé ne puisse pas porter sa voix. C’est pourtant la chose la plus logique. Quand vous êtes blessé, les rapports sexuels sont comme un champ qui vous rappelle ce qui vous est arrivé. Et si par malheur, vous portez ces traumatismes avec culpabilisation, il est toujours difficile de s’ouvrir à un partenaire sexuel et d’énoncer clairement nos envies.
Il y a aussi cette façon de voir son corps comme objet auquel l’on peut tout faire, mais qui n’a pas le droit de demander ce que l’on doit lui faire. On voit son corps comme un dépôt où on peut tout accepter sans jamais énoncer des envies. Dans ces cas dans la tête, c’est : nous n’avons droit à rien, supportons et faisons juste plaisir à l’autre.
Même si la timidité sexuelle paraît une situation banale en apparence, elle peut être plus complexe selon les cas. Elle vous met dans une position de celle qui n’a pas d’envie et vous soumet constamment aux envies des autres sans jamais assouvir les siens. Il peut arriver que ça crée une gêne dans votre couple si vous avez un partenaire attentif et expressif. Mais la bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas une fin en soi et peu importe notre histoire, on peut la surpasser et s’accorder le droit d’exprimer nos désirs.
Que faire pour surmonter sa timidité sexuelle ?
Je ne suis pas une sexologue, mais vous pouvez utiliser ces quelques astuces pour surpasser votre timidité sexuelle. Je sais que je le dis souvent, mais c’est de bonne guerre. C’est toujours bien de se faire accompagner par des professionnels.
La déconstruction
En tant que femme africaine, nous avons grandi dans d’énormes mensonges qu’il nous revient de déconstruire au quotidien. Ce n’est pas un travail facile, mais nous pouvons y arriver. Exprimez mes envies, mes désirs ne font pas de moi une dévergondée. C’est ce qui est normal.
Il suffit de regarder la plupart de nos pairs mâles. Ça ne devrait pas causer de doute entre ton partenaire et toi. Il est donc important d’évaluer tout cela dès vos débuts et d’entamer la discussion. Un homme qui ne porte pas sur toi un regard bienveillant, ou qui pense qu’avoir une éducation sexuelle ou des informations sexuelles fait de toi une femme vénale, est un red flag à bannir de ta vie.
Rehausser son estime de soi
On a peut-être l’habitude de vous le dire, mais je vous le répète. Rehaussez votre estime de vous et beaucoup de choses iront mieux. Votre regard sur votre corps, votre assurance changeront ainsi que le reste. Vous pourrez plus vous affirmer, vous aurez plus confiance en vous.
Le porno et la télé ne sont pas toujours la réalité. Vous n’avez pas à avoir le corps à Naomi Campbell pour être désiré par votre partenaire. Je suis sûre qu’il n’a pas non plus le corps de vos rêves, mais ça ne l’empêche pas de vous faire connaître ses envies. Soyez égoïste et prenez exemple sur ces mâles qui se font toujours passer avant tout.
Les jeux de rôle ou de carte
Il existe aujourd’hui une multitude de jeux pour vous aider à assumer vos fantasmes et désirs. Un tour sur Google et vous serez servi. Mais je peux vous suggérer de proposer à votre partenaire d’inscrire vos désirs sur papiers, de les mélanger dans un bocal puis d’aller piocher et vous faire plaisir mutuellement. Vous pouvez également vous envoyer des sextos pour mieux vous appréhender. Comme ça, votre partenaire sait en avance ce qui peut vous faire plaisir.
Le dialogue
Je priorise vraiment le dialogue en amont pour les personnes avec des blessures émotionnelles et de se faire accompagner par les professionnels avant de s’engager dans des relations charnelles à nouveau pour ne pas perpétuer pour elles le cycle de violence et d’abus.
Être sexuellement timide n’est pas une maladie ou une fin en soi, mais vous devez faire la part entre être timide sexuellement et le fait de tout accepter. Car l’autre revers de cette timidité, c’est aussi de ne pas savoir dire non par peur. De la même façon qu’on n’arrive pas à dire à son partenaire qu’on préfère telle caresse, telle position à telle autre, c’est de cette même façon qu’on n’arrive pas à dire Stop.
Vous pouvez également consulter notre article 6 clés pour vaincre sa timidité sexuelle pour plus d’astuce pour la dépasser.
Pour finir, je vous dirai de souffler et de vous dire que ce n’est pas la mer à boire. De la même façon que votre partenaire mérite d’être satisfait, c’est la même façon que vous le méritez. Importe donc le moyen qui marche pour vous, faites l’effort de trouver comment communiquer vos envies. J’espère pour vous que vous connaîtrez mille extases avant notre prochain rendez-vous sexos.
