Miss Crépue Bénin est un concours de beauté pas comme les autres. Lancé il y a quelques années par la marque de cosmétiques bio BE NATURAL, en partenariat avec l’agence de Com/Event AYO EMPYR ce concours valorise la femme africaine au naturel. Alors que l’édition 2020 en préparation est repoussée à une date ultérieure en raison de la pandémie de Coronavirus, nous avons eu le plaisir d’interviewer Mlle Marielle Ayinadou, la grande lauréate de l’édition précédente.
Le 13 Avril 2019 à la fin d’une belle soirée riche en émotions et en couleurs, Marielle avait été sacrée Miss Crépue Bénin à la troisième édition du concours. Cette magnifique future médecin a ensuite passé son année en temps que Miss à inspirer d’autres femmes à revenir à leurs textures naturelles. Elle a aussi pu mener à bout une campagne de sensibilisation sur les dangers de la dépigmentation, projet qui lui tenait vraiment à cœur. Elle a gentiment accepté de se faire questionner par nous, afin de nous livrer son histoire capillaire et son aventure Miss Crépue Bénin.
Peux tu te présenter s’il te plaît ?
Je m’appelle Marielle Ayinadou, j’ai bientôt 25 ans (le 13 mai), je suis béninoise, étudiante en médecine à Cotonou, miss crépue Bénin 2019.
Je suis une femme noire passionnée par la femme noire. Rires. Plus sérieusement, je suis vraiment amoureuse de tout ce qui touche à la beauté, à la santé et au bien-être de la femme noire africaine. Je suis donc une accro des cheveux crépus, mordue d’histoire et de culture africaine, et convaincue qu’ aujourd’hui plus que jamais la femme noire a son mot à dire et beaucoup de choses à apporter au monde. Je suis également fan de cuisine et de pâtisserie (oui je suis gourmande et je l’assume haha), de lecture et d’écriture, de développement personnel, de danse et tout ce qui se rapporte à l’art en général. J’aime aussi faire du sport à mes heures, le week-end.
Raconte nous ton histoire avec les cheveux naturels
Je porte mes cheveux crépus depuis bientôt 5 ans (fin juillet ça fera pile 5 ans). Je suis revenue au naturel plus par désir de changement qu’autre chose et j’avoue que ça a été une part importante de mon processus à ce moment de ma vie. J’ai fait une transition de 3 mois puis j’ai coupé. Autour de moi les gens ne comprenaient pas. Moi qui avais de si longs cheveux, pourquoi les couper? C’était un gâchis selon eux. Mais je me sentais libre, je me sentais différente, et toujours moi.
Quand j’étais défrisée, je n’avais pas de gros problèmes sinon les démangeaisons, les croutes et brûlures liées au défrisage. Mes cheveux étaient longs et volumineux c’est vrai, mais rien à voir avec ma forêt d’aujourd’hui que j’aime tant. A l’époque je ne connaissais absolument rien à l’entretien des cheveux crépus, ni au mouvement Nappy, ni aux dangers du defrisage sur la santé. J’ai appris au fur et à mesure que mes cheveux poussaient et commençaient à nécessiter autre chose que de l’eau et du beurre de karité. Après d’innombrables heures de recherches sur Google et YouTube, j’ai découvert ce monde de naturalistas , Nappy et tellement d’autres termes. J’étais fascinée. J’aimais déjà mes cheveux, mais en prendre soin comme ça, avec passion et amour et voir qu’ils me le rendaient, me rendait tellement heureuse.
Autour de moi j’ai commencé à avoir des avis positifs de plus en plus nombreux, et finalement plusieurs personnes ont sauté le pas du big chop ou de la transition. A l’époque j’en faisais beaucoup pour mes cheveux, parfois trop, je n’hésitais pas à investir pour les produits en général, je découvrais ce que mes cheveux aimaient et ce qu’ils n’aimaient pas, comment ils réagissaient à tel produit ou à tel autre et je trouve que c’est une étape importante pour apprendre à les connaître et reconnaître leurs besoins.
Mon aventure capillaire (oui c’est une vraie aventure!) fait partie intégrante de mon histoire en tant que femme noire qui cherche à se réapproprier son identité, mais aussi simplement de l’histoire de Marielle Ayinadou.
Quelle est ta routine capillaire ?
Pour moi une routine capillaire se résume en quelques mots: simplicité, régularité, douceur, et temps. Simple parce qu’en réalité les cheveux n’ont souvent pas besoin de choses compliquées, c’est nous qui nous compliquons souvent l’existence. Régularité parce que ce n’est pas en faisant ses soins une fois par an qu’on aura des résultats, mais plutôt de façon consistante. La douceur est de mise pour éviter la douleur et la casse et il faut avoir un minimum de temps prévu pour ses soins. Ce n’est pas l’affaire de quelques minutes.
Généralement je procède comme suit toutes les deux semaines. Quand vraiment mes occupations ne me permettent pas de faire mes soins, j’hydrate mes cheveux comme il faut en fonction de la coiffure que j’ai, en attendant le prochain soin. Quand je n’ai pas pu dégager du temps, je fais mon soin une fois par mois.
- La première étape est celle du démêlage. Je m’aide d’un peu d’eau tiède dans mon vapo et d’un mélange d’huiles. Et je divise mes cheveux en quatre sections que je vais garder pendant toutes les autres étapes.
- le shampooing pour lequel je privilégie les produits sans sulfates, silicones, en gros sans produits nocifs. Sauf lorsque je veux faire un shampooing clarifiant ou quand honnêtement il ne me reste plus de produit ni même de savon noir. Dans ce cas, il faut bien nourrir les cheveux ensuite pour éviter qu’ils ne soient secs.
- le masque hydratant je le fais pendant 2 à 3 soins successifs et puis j’alterne avec un soin protéiné une fois, avant de reprendre le cycle. D’habitude j’achète un masque du commerce auquel j’incorpore du yaourt, du gel (aloès vera ou gombo), de l’huile végétale (olive et ricin) et une huile essentielle (ylang-ylang ou citron). Avant de rincer, je démêle à nouveau les cheveux sous la douche. Quand je veux faire un masque protéiné je le fais avant le shampooing pour éviter l’odeur d’œuf dans mes cheveux (l’œuf est mon ingrédient protéiné par excellence). Après avoir bien rincé mon masque, je pose une serviette en micro fibres ou un teeshirt en coton.
- la dernière étape est celle de la coiffure protectrice. Je nourris mes cheveux avec une crème hydratante (celle de Garnier ou de Malex au beurre de karité sont celles que j’utilise le plus souvent), puis je viens sceller avec du beurre (karité ou murumuru que j’ai découvert récemment). Et je fais soit des tresses au fil (attin), des twists ou des nattes (aféfé).
Parle nous de ton expérience Miss Crépue Bénin
L’aventure Miss Crépue a été une expérience très enrichissante en terme de découverte de soi, de rencontres, et de moments vécus et partagés. J’ai tout de suite adhéré au concept de la valorisation de la beauté de la femme noire au naturel, sans les critères de jugement tels que la taille, le poids, la forme ou autres comme dans les concours de beauté classique. J’y ai également vu une opportunité pour lever ma voix et être mieux entendue par rapport à certains fléaux sociaux, notamment la dépigmentation, qui me tenait à cœur. Je me suis lancée dans l’aventure sans trop savoir à quoi m’attendre, la boule au ventre, avec juste la motivation de donner le meilleur de moi même pour atteindre mon objectif. Et j’y suis arrivée, avec le soutien de tellement de personnes que je remercie de tout cœur. J’ai rencontré des personnes formidables, dont mr Gael Gbessovi et Mme Fleurette d’Almeida, le couple actif derrière ce projet. Toutes les candidates, les coachs, les anciennes lauréates, les stylistes… tellement de personnes qui ont fait la magie de cette expérience ! Oui les entraînements étaient épuisants et durs; on a fait, défait et refait des chorégraphies. On a même eu une danse à monter à quelques jours de la finale, moi qui ne savait rien danser de traditionnel ! Quand j’y repense, cela me fait sourire parce la danse que j’ai faite ce soir là, j’ai monté la chorégraphie la veille seulement! Je me suis battue, comme toutes les autres candidates (un gros merci à leur endroit car sans chacune d’elles l’aventure n’aurait pas été la même).
J’ai dominé ma peur du public, le stress des projecteurs, je me suis challengée physiquement et mentalement, et au final j’ai pu mettre en œuvre un de mes projets personnels. En deux mots, cette aventure a été, comme je l’ai déjà dit, très enrichissante. Et elle est ouverte à toutes les femmes noires naturelles sans distinction.
Quels conseils donnerais tu aux femmes qui hésitent à faire leur retour au naturel ?
Pour moi, chaque femme mérite de vivre l’expérience de porter ses cheveux au naturel. non seulement cela permet de découvrir de nouveaux aspects de nous, mais cela nous rapproche également de notre culture. Plus important, cela arrête de nous exposer continuellement aux différents produits défrisants nocifs et donc d’en limiter les conséquences sur notre santé. On peut penser que le cheveu naturel est difficile à garder mais on a passé quasiment toute notre vie à ne pas apprendre à le faire, alors il est normal d’avoir un temps d’adaptation. Et il y a tellement de possibilités! Vous pouvez aussi opter pour des dreadlocks. Quoi qu’il en soit, vous trouverez forcément votre style et vos cheveux, ainsi que votre corps vous remercieront.