Le féminisme est un mouvement qui s’est développé en plusieurs vagues. Si les réflexions occidentales sur le genre peuvent être retracées dés la fin du moyen âge, ce n’est qu’en 1970 que se fait sa théorisation, sa conceptualisation et le recensement de son histoire.
Je vous invite aujourd’hui à découvrir avec moi comment le féminisme a évolué au fil du temps en partant de la première vague à celle que nous vivons actuellement. Ne vous inquiétez pas, nous ne parlerons pas que du féminisme eurocentrique. Nous essaierons de comprendre comment ces vagues se sont illustrées dans Mama Africa.
Première vague : la femme est une citoyenne comme les autres
La première vague du féminisme s’interroge sur la place de la femme dans la société, sur ses droits en tant qu’habitante d’une cité. Cette vague a été nommée rétrospectivement et part du 19 s (autour de 1848) aux années 60. Ce pan de l’histoire du féminisme ne concerne cependant que les femmes blanches. Elles n’avaient ni le droit de vote ni le droit de propriété et n’avaient aucun mot à dire dans les prises de décisions.
Pendant le 19e siècle, l’esclavage tirait vers sa fin, les mouvements abolitionnistes battaient leur plein un peu partout dans le monde. Des millions de femmes africaines avaient été déportées. Celles qui étaient encore sur le continent jouissaient encore d’une certaine liberté : elles disposaient, selon les peuples, du droit de propriété et pouvaient travailler.
Le commerce était le moyen par lequel les Africaines se créaient leurs richesses. De plus, comme nous l’avons dit dans notre article sur la compatibilité du féminisme avec l’Afrique, les Africaines avaient des rôles divers et occupaient des postes de responsabilité dans la société précoloniale.
En Europe, les femmes obtinrent les droits civiques à partir 1920 après des luttes farouches. La journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes avait d’ailleurs vu le jour en 1910, pendant les périodes de revendications.
Seconde vague : le patriarcat, première cause de l’oppression des femmes
La seconde vague du féminisme qui commence dès 1960, rime avec la naissance du désir de la chute du patriarcat. C’est à ce moment-là que les revendications telles que l’égalité salariale, le droit des femmes à disposer de leurs corps où encore à avoir un compte bancaire personnel apparaissent.
La seconde vague du féminisme s’interroge sur la femme, mais ne s’arrête plus aux femmes blanches. Les femmes noires revendiquent également, mais le féminisme des afros descendantes diffère de celui des autres. Elles se battent non seulement pour leurs droits, mais aussi contre la ségrégation raciale au sein des mouvements antiracisme.
En Afrique, les femmes se battent contre la colonisation et œuvrent massivement dans les mouvements de luttes. Elles mènent de nombreuses actions. Le féminisme africain est fortement caractérisé par la volonté de revenir à l’autodétermination pour les peuples du continent.
Troisième vague : les femmes rêvent aussi de liberté
La troisième vague du féminisme surgit dans les années 1990. Ce féminisme se veut intersectionnel. Cela signifie qu’il prend en compte les femmes, quelle que soit leur origine, orientation sexuelle ou religion. Les femmes « racisées » qui jusque-là n’étaient pas forcément écoutées sont poussées sur le devant.
Les discriminations faites aux femmes sont beaucoup plus pensées en fonction de leurs origines et spécificité. C’est donc à ce moment que se théorise la misogynoir (contraction entre misogynie et noir, indiquant la haine subit par les femmes noires).
En Afrique, les femmes revendiquent pour l’éducation pour tous, et la lutte contre la pauvreté. Elles veulent la fin des coutumes oppressantes comme l’excision, le mariage forcé, le lévirat, ou encore le délai de viduité. Laissées de côté par leurs compères de luttes après les indépendances, elles se battent pour avoir une place dans les instances de décisions. Les nombreux courants féministes africains voient d’ailleurs, pour la plupart le jour à cette époque.
L’activisme féministe se développe en outre à ce moment-là, avec les actions de grandes figures comme Fumilayo Ransome-Kuti au Nigéria ou encore Marie DO REGO épouse MAGA au Bénin.
Les femmes parlent également de leurs vécus à travers l’écriture, l’art et la recherche. Des figures féministes telles que Mariam Ba, Fatou Sow, Chimamanda Ngozie Adichie, etc. n’hésitent pas à se mettre en avant pour exposer la situation des femmes africaines.
La quatrième vague : la digitalisation de la lutte
Les années 2010 marquent le début de cette vague dans laquelle nous sommes toujours actuellement. Internet ayant transformé le monde en un village planétaire, l’information circule à la vitesse de la lumière.
Les femmes partout dans le monde continuent la lutte. Les violences sexistes sont dénoncées à travers des hashtags tels que Me Too où Balance ton porc. Les mouvements féministes sont de plus en plus nombreux ainsi que les réflexions sur le sujet. Les femmes partagent leurs expériences et sortent progressivement de la peur du silence.
En Afrique, l’activisme digital porte également ses fruits, même si cela n’est pas directement perceptible. Il permet d’informer, de dénoncer, de faire bouger les choses. Les mouvements féministes se développent toujours sur le continent. Nous avons de plus en plus d’associations et de collectifs qui agissent pour l’effectivité des droits des femmes.
Vous l’aurez compris, le féminisme n’est pas un mouvement récent. Il se développe, change, évolue et grandi. Mais en substance, le féminisme recherche toujours la liberté, la protection et la valorisation de la femme. La femme devrait pouvoir avoir le choix de son destin et tant que toutes les femmes du monde n’en disposeront pas, la lutte se poursuivra.
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