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Seins : Et si on les décomplexait ?

Les seins, les lolos, la poitrine… tant de mots pour désigner ces « sacs de graisses » comme les appelle Rachel Bloom dans la série Crazy Ex Girlfriend. Cette partie du corps de la femme semble avoir une place importante dans notre rapport à la féminité.

Qu’ils soient gros, petits, poilus ou asymétriques, les seins sont bien souvent source de complexes. Quoi de mieux que de finir ce mois dédié à la santé des seins par un article qui les aborde ?

J’ai pendant longtemps été complexée par ma petite poitrine. Passer au No Bra m’a personnellement aidée à mieux l’accepter. Je pense toutefois que mon expérience n’est pas nécessairement représentative de la majorité.

J’ai donc décidé de partager avec vous celles de deux femmes exceptionnelles (en plus de la mienne) qui ont accepté de se prêter à ce jeu.

Livia

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Hello, je suis Livia AZONNOUDO, magnifique femme ayant des rondeurs, body-positive activiste !

J’ai officiellement entamé mon combat contre tous les clichés, surtout ceux ayant rapport aux physiques en 2018, en participant à un concours de Slam, ayant présenté un texte qui criait au ras-le-bol ! Texte intitulé “ Dodonusss”, texte grâce auquel j’ai d’ailleurs fini finaliste à ce concours.

Derrière ce ras-le-bol, se cache toute histoire jonchée de complexes inoculés par la société, de sexualisation, de réduction d’une personne entière à une  » paire de gros seins« .

À quel âge as-tu commencé par avoir de la poitrine ?

J’ai eu de la poitrine dès mes 9ans , et ça s’est vite agrandi , à mes 9ans j’étais en 6eme et vers la fin de l’année j’avais déjà commencé à mettre un soutient gorge.

Comment ton entourage à t-il réagit ?

J’en ai bavé pendant longtemps. J’ai été sexualisée à même pas 11 ans, parce qu’étant grande de taille, ayant une poitrine plus développée que les enfants de cet âge, et ayant eu  » le malheur  » de vite évoluer à l’école.

Étant issue d’un cocon familial éducatif et protecteur, j’avais gardé mon âme d’enfant innocent (ce qui est d’ailleurs normal à ces âges). J’ai eu la chance d’être protégée tant bien que mal de tout ce carcan par mon entourage…

Tant bien que mal, parce que ce n’était pas forcément les bons moyens, mais n’étant pas forcément préparés pour ça, mes parents, comme tous bons parents, aimant leur enfant, faisaient ce qu’ils pouvaient pour m’aider à gérer.

Ma mère, peinée de voir les souffrances de son enfant, essayait de me faire conformer  à ce que souhaitait la société, en me faisant porter un soutien-gorge adapté à forte poitrine + une gaine pour seins, et ce, de façon constante, pour qu’ils aient l’air rapetissés, aux prix de suffocations régulières et de dépenses faramineuses pour avoir ces outils de tortures, d’une très bonne qualité.

Mon père, qui a l’occasion, n’hésitait pas à remettre très violemment à leur place toutes personnes portant des propos déplacés à mon égard, quitte à être considéré comme un père « poule ».

Et me surprotégeant d’ailleurs, me faisant sentir (malgré lui) que j’étais un être très fragile à protéger constamment, en me surveillant constamment.

Quels complexes as-tu développés par rapport à tes seins ?

Manque de confiance en soi, anxiété, angoisse, agoraphobie, peur d’aguicher en m’habillant normalement, insociabilité, anorexie, boulimie, troubles alimentaires, dépression constante (évidemment) et j’en passe, étaient mes fardeaux sur plusieurs années, bien sûr ce n’était pas la seule raison de mon mal-être, c’était un cocktail Molotov. Mais le fardeau collé par la société y contribuant énormément.

Comment les as-tu vaincus ?

Un jour, j’ai décidé de mettre STOP ! , de ne plus fuir le monde, de me priver d’une vie normale, juste parce qu’une foutue société est décidée de ne pas avoir en leur sein une personne différente de ce qu’ils étaient habitués à voir.

Un processus très long et très éprouvant s’est mis en place, et je peux aujourd’hui dire avec fierté que je vis les derniers soubresauts de ma réadaptation en affirmant mon identité dans cette société.

Les seins, les fesses, le ventre, les bras, whatever, sont juste de la chair, le problème n’est pas la personne qui en a différemment de ce que la société a imposé comme norme, le problème est la personne qui sexualise tout, n’accepte pas la différence !

Penses-tu que la taille des seins a en réalité de l’importance ?

Petits, gros, moyens, tombés, etc. Ce ne sont que des mots que les personnes se trouvant normales utilisent pour complexer les magnifiques personnes différentes de leurs normes !

Le plus important est de se sentir parfaitement bien dans sa peau (que d’ailleurs, on n’a pas eu l’occasion de dessiné). N’oubliez surtout pas, quelque soit votre différence, VOUS ÊTES INCROYABLEMENT MAGNIFIQUE ! 🤍

MIRABELLE

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Montcho Mirabelle, 25ans, traductrice et féministe engagée. J’utilise mes réseaux sociaux pour dénoncer les maux quotidiens de la femme, mais surtout pour la défendre.

À quel âge as-tu commencé par avoir de la poitrine ?

À 14 ans, je dirai.

Comment ton entourage à t-il réagit ?

Côté famille, on m’a fait passer par la traditionnelle étape où on devait « casser » les seins avec une palette de cuisine (non sans grande douleur). Côté amis, c’étaient toujours des « oh tes seins sont minuscules.

Quels complexes as-tu développés par rapport à tes seins ?

J’étais très complexée par la taille de mes seins. Au dortoir, avec mes camarades de classe, je voyais bien que les autres portaient des soutiens-gorge. Moi non. Et j’ai commencé à me dire que j’avais peut-être un problème.

Elles se moquaient souvent. Parfois gentiment, d’autres fois non. En tout cas, je voyais et je sentais clairement que je n’étais pas « normale ».

Comment les as-tu vaincus ?

L’acceptation des différences et par ricochet, l’acceptation de soi. J’ai mis des années à sortir de ma dépendance aux soutifs rembourrés, qui donnaient l’illusion que j’avais une poitrine moyenne. Mais j’y suis arrivée petit à petit. J’ai appris à m’extirper de ces stéréotypes qui pendant longtemps m’ont affectée, et je me suis détachée des regards extérieurs. Aujourd’hui, ça fait 3 ans que je ne suis adepte du Nipple free.

Penses-tu que la taille des seins a en réalité de l’importance ?

Non. La taille des seins varie d’une femme à une autre. Il n’est donc pas possible d’imposer une taille de seins standard. Nous valons beaucoup plus qu’une paire de seins et de fesses.

MAFOYA

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Votre blogueuse préférée 😏(MDR)

À quel âge as tu commencé à avoir de la poitrine?

Entre 14 et 15 ans environ je pense.

Comment ton entourage a-t-il réagit?

Ayant eu une puberté plutôt tardive comparativement aux filles de ma classe et mes cousines j’ai à mon encontre attiré beaucoup d’attention. Tout le monde avait une remarque à me faire. C’était des “tes seins poussent enfin!” À tout va aussi bien à l’école que dans le cercle familial.

Quels complexes as-tu développés par rapport à tes seins?

Mes complexes sont nés bien avant d’avoir ma “poussé”. Comme je l’ai dit j’ai eu une puberté tardive en comparaison aux autres filles de mon entourage. J’ai donc été l’objet de harcèlement morale constant de la part des garçons de ma classe.

En troisième quand on étudiait l’évolution du corps humain je subissait des railleries parce que j’avais encore le physique d’une enfant. Même si sur le moment je ne disait rien et me consolait avec l’idée que j’avais au moins mon intellect pour moi, cela a eu un fort impact sur moi et sur ma confiance en moi. Je suis devenue cette fille qui avait toujours un pull ou un cardigan sur elle, même quand il faisait excessivement chaud.

L’attention que la pousse de mes seins a attirée sur moi ne m’a pas non plus aidée. J’avais le sentiment d’être une bête de foire que chacun se sentait libre de scruter en parlant ouvertement de ses “attributs”. On se moquait à nouveau de moi. je portais aussi des soutiens à rembourrage que je détestais. Je n’étais pas du tout à mon aise.

Comment les as-tu vaincus?

Par rapport à ma poitrine, comme je l’ai dit plus haut arrêter de mettre des soutiens m’a énormément aidée. En effet, les soutiens modifient l’apparence de nos poitrines. Quand on en met pas, on se sent en déphasage avec nos corps. En arrêtant d’en mettre et en adaptant ma garde-robe à ma morphologie j’ai appris à aimer mes seins comme ils sont.

J’ai aussi beaucoup travaillé à m’apprécier. Je portes moins de cardigan et de pulls et je continue de découvrir ce que signifie la féminité pour moi.

Penses-tu que la taille des seins a en réalité de l’importance?

J’irais même plus loin. Je dirais que l’apparence entière de la poitrine n’a pas d’importance. Gros, petits, asymétriques, tombés etc… Le plus important c’est d’être bien dans sa peau et apprendre à se regarder sans se laisser influencer par l’opinion des autres.

On ne peut pas plaire à tout le monde. Et si on essayait de se plaire à nous-mêmes?

Mot de la fin

Il est difficile d’évoluer dans une société aussi sévère. Peu importe la plastique de son corps, il y aura toujours des personnes pour nous rabaisser par rapport à un trait ou à un autre.

Et si on essayait de voir les choses autrement ? Nos corps sont nos plus fidèles compagnons. Nous y passerons toute notre vie. Nos seins quelque soit leur apparence font partis de nous. Et si pour une fois, on s’en foutait de l’avis de la société ?

Si vous avez besoin d’un boost body positif, consultez la page Facebook de Livia ou elle parle de façon ouverte et vulnérable du corps, de la santé mentale et du bien-être.

Nous essaierons tant bien que mal de vous accompagner également dans le processus d’acceptation de soi ici à Agoodojie. Faites-le nous savoir s’il y a un sujet en rapport à cette thématique que vous aimeriez voir sur le blog.

N’oubliez pas de chouchouter vos seins et de les palper tous les mois après vos règles !

AGOODOJIE!🌻🤍

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